Info édition : Couverture à rabats.
Noté "N001" sur le quatrième plat, au-dessus du code-barre.
Résumé: Un récit sur le fil où gravité et naïveté se conjuguent en émotion.
- Je sais aussi que je serai triste de ne plus être un enfant.
- Alors je repenserai à ces moments...
- Quand la lumière était belle.
Frantz Duchazeau emploie avec une justesse rare tous les moyens de la bande dessinée pour révéler les questionnements de l'enfance, cet âge où la fin de chaque chose est d'abord le commencement d'une autre.
«
Je veux que rien ne change. Jamais. »
Pierre a une dizaine d’années. Il est obsédé par le temps et la mort ; celle d’une mante religieuse et la disparition de l’univers dans cinq milliards d’années. Mais, dans l’immédiat, il craint surtout que sa maman et son papa se séparent. Aux vacances de Pâques, il visite ses grands-parents à la campagne. Les paysans ne sont pas des chochottes : ils tuent les chats, tranchent le cou des poulets et éviscèrent les lapins. Tout pour bouleverser un petit citadin qui a un contentieux avec le deuil. Le lieu permet également de renouer avec les origines et les rêves brisés de sa mère et de côtoyer des aïeux vieillissants.
Frantz Duchazeau sait construire un scénario. Dans Pierre de cristal, tout converge vers la fin des choses. L’auteur fait de nombreux parallèles avec le film L’âge de cristal (il y est question d’une société totalitaire où les gens sont exécutés à 30 ans), le père est horloger, le garçon fixe les événements avec son appareil-photo, etc. Il crée un cadre où il transpose les angoisses du héros, particulièrement celles liées à l’abandon. Le scénariste a fait le choix de donner peu de repères temporels et laisse ainsi au lecteur toute la latitude pour situer l’action au moment de sa propre jeunesse et de faire sienne la douleur du protagoniste.
Les illustrations, sans flafla, sont toutes en sobriété. Le trait, à la limite du crayonné, est généralement réaliste. Quelques dessins évoquant l’éclatement du monde du jeune homme (aux sens propre et figuré) sont très réussis. Notamment celui d'un village qui est d’abord rendu avec exactitude, puis, dans la case suivante, déconstruit un peu à la façon de certaines toiles de Pablo Picasso (par exemple sa représentation du Sacré-Cœur). Tout apparaît atomisé, alors que les éléments demeurent sensiblement au même endroit. Enfin, l’adoption du noir et blanc est judicieuse. Elle contribue d’une part à ne pas inscrire le récit dans une époque précise et, d’autre part, concentre l'attention du lecteur sur l’essentiel : la narration.
Frantz Duchazeau n’est certes pas le premier à s’inspirer des blessures de l’enfance, son approche est cependant originale et ce roman graphique est à mettre sur le dessus de la pile.