A
ssisté par la jolie Maya Frey, Phoenix Wright est un jeune avocat connu pour défendre ses clients bec et ongles tant il est convaincu de leur innocence. Qu'il s'agisse d'aider un ami un peu idiot accusé du meurtre de l'ex de sa petite amie, de laver de tout soupçon le frère d'un ponte de l'informatique fraîchement assassiné ou de démasquer le tueur d'un employé de parc d'attractions, Wright est toujours sur la brèche et jamais à court d'idée pour éclaircir les affaires les plus nébuleuses...
Après les œuvres littéraires ou cinématographiques adaptées en bandes dessinées, en animés ou en jeux vidéos, c'est au tour de ces derniers de connaître une déclinaison sous forme de manga, avec tout ce que cela comporte d'aléas quant aux scénarii. Au moins, en publiant une histoire fonctionnant par énigmes à élucider, Kurokawa évite d'engager ses lecteurs dans une série à rallonge à l'intrigue alambiquée. Reprenant plus ou moins le principe du jeu, les deux premiers tomes de Phoenix Wright : Ace Attorney proposent d'accompagner le héros éponyme le temps de trois affaires épineuses.
La première, assez courte, donne d'emblée le ton, entre humour niais et parodie grotesque, et les autres, plus longues, poursuivent sur la même lancée assez déplorable. En effet, les dossiers sur lesquels Wright travaille le conduisent à échafauder des théories plus capillotractées les unes que les autres, afin de dénicher le vrai coupable des crimes imputés à ses clients. En somme, il endosse à la fois les rôles de détective et de plaideur, s'égarant sur de fausses pistes avant de trouver la clé de l'énigme, tout cela au cours même des procès. Le scénariste se complaît d'ailleurs à multiplier les interventions intempestives de ce jeune ténor du barreau à coups "d'objection" et de "un instant" tonitruants. Pourtant, le personnage n'est pas antipathique et les autres acteurs, quoique souvent caricaturaux dans leur caractère - soulignons, au passage, le travail de traduction sur les noms s'accordant comme des gants à leurs propriétaires -, sont plutôt bien trouvés. Mais ce sont la forme et le fond qui pèchent par leur excès de nigauderie.
Le dessin de Kazuo Maekawa ne se démarque guère des productions habituelles et tente de camper au mieux des protagonistes plutôt stéréotypés, en accentuant leur expressivité. Il parvient néanmoins faire montre d'un certain dynamisme grâce à un découpage clair et aéré, ainsi qu'en exprimant visuellement de manière convaincante les explications du héros quant aux différentes astuces utilisées par les meurtriers pour commettre leurs forfaits. Pour autant, cette série demeure largement dispensable et seuls quelques aficionados du genre s'y fourvoieront.