Résumé: Moscou, 1988. Exilé en Russie loin de son Angleterre natale, Kim Philby retrouve un vieil ami : il lui raconte comment est né sa vocation pour l’espionnage.
Enfant timide issu d’une famille bourgeoise, diplômé de Cambridge, rien ne le prédestinait en effet à trahir son pays pour la cause soviétique.
Tout commence en 1930. Alors que Hitler est en pleine ascension, Philby s’engage dans la lutte contre le fascisme. Devenu communiste, il est recruté par les services de renseignements russes et sera désormais prêt à tout pour défendre ses convictions…
K
im Philby (1911 – 1988) est resté dans l’histoire comme la « taupe » soviétique la plus célèbre de la Guerre froide. Employé par divers services de renseignements anglais, il a servi d’informateur privilégié pour Moscou pendant près de vingt-cinq ans. Pire encore, il ne fut exposé qu’en 1951, à la veille de sa nomination à la direction du MI-6 ! Pourquoi et comment ce fils de bonne famille – son père, un sympathisant fasciste, était lui-même un espion au service de Sa Majesté – a-t-il pu trahir les siens et sa nation ?
Sous-titré Naissance d’un agent double, le livre raconte la première partie de la vie de Philby. Son enfance et sa relation difficile avec un géniteur souvent absent, sa sensibilisation précoce aux injustices sociales, sa découverte du communisme lors de ses études, l’amitié sulfureuse avec ceux qu’on surnommera les Cambridge Five et ses premières armes en tant que journaliste/diplomate/agent du côté de Vienne et de l’Espagne alors en pleine guerre civile, sa trajectoire est clairement tracée et expliquée. De plus, outre les faits avérés, Pierre Boisserie s’est amusé à glisser dans son scénario de nombreuses références et racontars venus du monde de l’espionnage. Vérité, mensonge ou un peu des deux ? Ces petites touches de doute apportent ce qu’il faut de piquant à la lecture. Les amateurs de John Le Carré ou Graham Green devraient certainement apprécier ce véritable roman noir où tromperie et sincérité n'ont de cesse de s’affronter et de se confondre.
Ligne claire précise au trait appuyé et un découpage des plus carrés, Christophe Gaultier a préféré rester dans un certain classicisme pour dépeindre les allers et venues de cet homme de l’ombre. Bien lui en a pris, car l’atmosphère générale se montre aussi solide que la détermination du héros. Cette ambiance toute feutrée est également renforcée par les couleurs pleines de Marie Galopin. L’accord entre narration et humeurs de l’Europe des Années folles s’avère parfait.
Intéressant à plus d’un point, joliment construit et raconté, Philby – Naissance d’un agent double peut autant se lire comme un témoignage historique qu’un véritable thriller. Il est vrai que, parfois, la réalité dépasse la fiction.
Les avis
Erik67
Le 29/01/2021 à 08:21:00
Nous avons un espion soviétique d'origine britannique qui a trahi la couronne et son pays pour verser dans l'illusion communiste. Il faut dire que sa rencontre avec Hitler et le nazisme l'avait quelque peu assez refroidi. On peut comprendre d'autant qu'il raconte sa vie sur un banc placé au milieu de la place rouge en 1988.
J'ai bien aimé malgré un graphisme peu avenant car au trait trop gras et prononcé. Cela fait vieille bd poussiéreuse marquée par un autre temps. Mais bon, on peut lui trouver un certain charme ce qui n'est pas vraiment mon cas, je dois bien l'avouer.
J'avoue également ne pas avoir trop compris la fin où l'on découvre l'identité d'un protagoniste pas présent dans ce récit témoignage d'une période historique troublée. J'ai dû reprendre certains passages pour voir ce que ce personnage final faisait là. C'est totalement incongru.
Les histoires d'espion se termine toujours assez mal en général sauf quand on est James Bond.