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ranches de vie d’un jeune adulte vieillissant et accessoirement auteur de BD. Enfin jeune, plus tant que ça et, il s’en rend bien compte, has been. D’ailleurs sa descendance n’omet jamais de le lui rappeler. Monsieur Chauzy se met en scène dans un quotidien farceur. Que ce soit lors d’une rencontre avec une fan entreprenante, lors d’une soirée du nouvel an d’un ennui incommensurable ou à l’Aquaboulevard, la vie est pleine de ressources pour casser le moral de votre narrateur.
Sous forme de courts récits, Chauzy renoue avec sa période d’introspection. Remontant ainsi une dizaine d’années en arrière, après ses débuts chez Futuropolis et avant de se lancer dans l’univers du polar qui avait été l’occasion pour lui d’entamer une collaboration avec des pointures. Citons en particulier T. Jonquet avec lequel il a conclu plusieurs bandes dessinées d’une qualité variable, leur plus belle réussite étant sans doute le diptyque La vie de ma mère.
Inscrit dans la droite lignée de la série Un monde merveilleux et de l’excellent L'âge ingrat pour ce qui concerne le fond, Petite nature n’a malheureusement pas la saveur qui en caractérisait le goût et c’est une certaine amertume qui demeure à l’issue de la lecture. Ce qui était drôle chez ce grand dadais pas très à l’aise dans son jean ne l’est plus trop alors qu’un début de calvitie commence à le gagner. La participation de Lindingre et de Zep au scénario de certaines histoires n’amène pas de plus substantiel et c’est même une impression de manque d’homogénéité qui prédomine. Malgré cela, quelques dialogues sont bien sentis et font sourire. Les spécialistes noteront avec amusement que Chauzy, bon prince, ne reproduit pas en dédicace ce que Bayou Joey lui avait fait subir.
Côté dessin, le trait est sans surprise, ses personnages féminins ont ainsi une impressionnante faculté à se cloner d’album en album depuis des années. En revanche, l’art d’intégrer de sympathiques détails sous forme de clins d’œil qui caractérisait de manière plaisante cette époque a bel et bien disparu. Où sont passés les potentielles madeleines de Proust ? Ces murs couverts de tag et d’affiches sulfureuses ou détournées, ces références à des bouquins, ces badges et autres t-shirts floqués du nom de groupes improbables qui instauraient une complicité avec le lecteur,... Paris est-il devenu si aseptisé ? Ce serait un peu tristounet.
Les avis
Erik67
Le 02/12/2020 à 11:43:28
Voilà, je viens de trouver une bd provenant de Fluide Glacial que je trouve pas mal. Il est aussi question d'un antihéros mais que je trouve fort sympathique.
En plus, le dessin semble un peu plus raffiné que les productions du genre. Cela doit être dans cette colorisation qui introduit un effet brumeux du plus bel effet.
Visiblement, l'auteur s'auto-parodie lui-même. C'est intéressant comme démarche de suivre la vie quotidienne d'un dessinateur de bd. Les blagues sont sympas mais pas révolutionnaires. On pourra se détendre facilement.