Info édition : Noté "Dépôt légal: premier trimestre 2011".
Un autocollant comportant le texte de la sixième planche du quatrième chapitre qui n'est pas sorti à l'impression est fourni avec l'album.
F
rançois Mitterrand prend le relais, bien entouré de Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy. Après le général de Gaulle pour la période glorieuse de la colonisation et celle hautement digne de la décolonisation, c'est la grandeur de la Françafrique qui clôt provisoirement cet exposé édifiant.
À l'image de Howard Zinn et de son Histoire populaire de l'empire américain, Grégory Jarry et Otto T. réhabilitent l'histoire en livrant une version non expurgée de la colonisation française. Tout ce que les gouvernements successifs ont réussi à ensevelir sous la chape de plomb de la raison d'État et tout ce qui est absent des manuels scolaires est dévoilé dans Petite histoire des colonies françaises. Si l'album précédent présente des pans méconnus de notre période coloniale peu reluisante (guerre du Cameroun, guerre du Congo), les révélations de "La Françafrique" sont encore plus assourdissantes. Des "stay behind", ces cellules dormantes américaines anti-communistes en Europe, aux participations confirmées de l'armée françaises aux coups d'États et autres génocides, rien ne nous est épargné. Les auteurs forts d'une documentation pointue, font la lumière sur ce qui est devenu sous-jacent depuis quelques années, à savoir l'ingérence néfaste du pays en Afrique au nom des intérêts des lobbys industriels et financiers.
La vulgarisation par l'humour et l'ironie cinglante sont les outils idéaux pour marquer les esprits. Les tyrans et dictateurs, manipulés et installés par nos dirigeants de droite comme de gauche - l'argent et le pouvoir sont apolitiques - en deviennent presque sympathiques. Le trait minimaliste et patatoïde de Otto T. est d'une expressivité étonnante et, sous de faux airs moqueurs, il illustre toute la cruauté et l'horreur de notre action dans une Afrique noire condamnée à subir la loi des puissants. Les textes sont beaucoup plus présents que pour les albums précédents. Plus pédagogiques, ils sont synonymes d'évolution du travail des auteurs, désireux de ne pas rester cantonnés dans un style défini et statique.
Ouvrir les yeux des lecteurs sur le fonctionnement de l'État français et sur sa responsabilité dans le désastre africain, telle est la volonté affichée, et tel est le résultat obtenu. Édifiant ! À enseigner dans nos écoles, en remplacement des manuels censurés actuels.