Résumé: Dans un monde où la politique de l'enfant roi est devenue règle étatique, Benoît se retrouve contraint de slalomer entre les marmots qui ont envahi - sur ordre du Maire - son lieu de travail. Tout ce qui peut leur nuire est fermement prohibé. Par conséquent : plus question de fumer une seule cigarette, et aucune exception ne sera tolérée. Pour preuve, le cas du condamné à mort Désiré Johnson qui s'entête à exiger une dernière cigarette avant son exécution ce qui embarasse les autorités et déchaîne les lobbies du tabac.
De son côté, Benoît a pris l'habitude de se dissimuler dans les toilettes de son boulot pour griller en douce ses cigarettes, jusqu'au jour où il oublie malencontreusement de verrouiller la porte. Une étourderie qui lui coûtera cher : surpris par une fillette et accusé de « crime contre l'enfance », le quadragénaire fautif se retrouve alors poursuivi sans relâche par une justice au pouvoir sans limites. Désarmé, il fera tout pour échapper à l'absurdité de son destin, quitte à se lier au groupe de terroristes novateurs qui produit la sanglante téléréalité : « Martyre Academy »...
E
n France, dans un futur proche, Johnson est condamné à la peine de mort. Sa dernière volonté : une cigarette. Mais comme l’établissement carcéral est non-fumeur; il y a un problème. Les citoyens et la justice sont divisés, l’industrie du tabac entre dans la danse. Bien qu’il soit défendu par la plus mauvaise avocate de l’Hexagone, il est gracié, puis libéré. Parallèlement, Benoît, un petit fonctionnaire, a la vilaine habitude de se cacher dans les toilettes pour griller une clope. Il a mal poussé le verrou, une fillette le voit, fumant et pantalon baissé. L’opinion publique s’emporte. La procureure aimerait bien que les cigarettiers reviennent à la charge ; mais dans un monde où l’enfant est roi, il y a des choses qui ne se font pas. Voilà pour la première partie. Dans la deuxième, les personnages se retrouvent dans un épisode de Martyre Academy.
Tout est décousu dans cet interminable album de 224 planches que Sylvain-Moizie a adapté d’un roman de Benoit Duteurtre. Au départ, le lecteur rigole et s’amuse de ce ton déjanté. Il se dit que ça fait un peu penser à l’humour de Zaï Zaï Zaï Zaï, ce qui est bon signe. L’idée de prendre au pied de la lettre les messages des campagnes de prévention du tabagisme est marrante... pendant quelques dizaines de pages. Mais, doucement, il se lasse ; les gags sont gras, redondants, et il réalise qu’il s’ennuie. Il a même un petit coup de vertige lorsqu’il découvre qu’il y a une deuxième partie. Celle-là est vraiment de trop. D’ailleurs, tout ce qui pouvait se dire de mal sur la télé-réalité a déjà été radoté cent fois : pourquoi en rajouter?
Le dessin, nerveux, souvent hyperchargé ne laisse pas indifférent et rappelle par moments celui de Reiser. La construction des planches est ponctuée de petits artifices sympathiques (par exemple des cases rondes ou encore les propos moralisateurs qui sont présentés dans un cadre épais semblable à celui des campagnes anti-tabac). Ce n’est malheureusement pas suffisant pour maintenir l’intérêt.
La cigarette tue le fumeur ; l’ennui tue le lecteur.
Les avis
Erik67
Le 29/11/2020 à 03:53:02
Je n'ai pas trop aimé l'adaptation de ce roman dans un genre très farce grotesque. Les dessins ainsi que le graphisme ne m'ont pas bien convaincu. Il y a un côte brouillon et un peu flou qui ne fait pas dans le réalisme. C'est sans doute propre à ce genre de bd d'humour. Cette simplicité du trait n'est pas très belle. Les personnages ont d'ailleurs des têtes à faire peur à commencer par les enfants. Les parents apprécieront.
Par ailleurs, sur le fond, j'ai l'impression que c'est un plaidoyer pour la cigarette ou du moins pour la partie de la société qui s'offusquent contre les fumeurs. Il y a la dénonciation d'une chasse aux sorcières qui va trop loin contre les fumeurs. Or, je suis absolument opposé à la cigarette qui empeste nos vies. Bref, je ne cautionnerais pas de telles idées même si je peux comprendre qu'on puissent les exprimer de manière humoristique. Je ne suis pas obligé d'adhérer non plus. Le politiquement correct fait partie de certaines valeurs pour une société du respect de l'autre.
Pour le reste, c'est très long et j'avoue m'être sérieusement ennuyé au bout d'un moment.