Résumé: “Qui aurait cru que de simples vols à la tire déboucheraient sur un complot capable de pulvériser la IIIe République ? ”
Paris, 1904. Une pickpocket experte en déguisements sévit sur le parvis de la tour Eiffel. Elle vole une sacoche au symbole des francs-maçons et un portefeuille contenant une lettre qui annonce un suicide. Touchée par tant de détresse, la petite voleuse décide de sauver ce Jules dont elle ignore qu’il est policier et déjà à ses trousses. Il la traque, elle le cherche… Quant à la sacoche, un abbé et un député royalistes sont prêts à tout pour récupérer les fiches explosives qu’elle contient ! Et pour cause, elles peuvent déclencher le plus grand scandale d’état que la République n’a jamais connu…
J
uliette est une as du déguisement et une pickpocket redoutable. Elle travaille au pied de la tour Eiffel où, tous les jours sur le coup de midi, elle vide les poches des honnêtes gens. Comme la petite a grand cœur, elle remet le fruit de ses larcins à un orphelinat. Lorsqu’elle s’approprie une mallette à l’effigie du Grand Orient de France, elle ignore qu’elle a en main des documents susceptibles d’ébranler la Troisième République. Le détective Jules Dormoy mène l’enquête, et il est doué. Il a tout de même bien du mal à passer les menottes à la jolie délinquante.
La petite voleuse de la tour Eiffel fait suite au Canonnier de la tour Eiffel. L’époque et le ton demeurent ; seules quelques figures se retrouvent dans les deux albums. Curiosité : le deuxième tome se déroule avant le premier.
Pour ce second épisode, Jack Manini et Hervé Richez se sont inspirés de l’affaire des fiches, laquelle a causé un vif émoi en 1904. Le scénario est bien ficelé, les intrigues se révèlent nombreuses et en apparence disparates, toutefois, au terme du récit, toutes les pièces se mettent en place. La nouvelle est rythmée, remplie de rebondissements inattendus et de coïncidences un tantinet audacieuses ; peu importe, le propos se veut léger et personne n’est là pour se prendre la tête.
En fait, la bluette entre les protagonistes occulte la trame politico-policière et dévoile le passé des tourtereaux qui apparaissent du coup éminemment sympathiques. D’un côté, une mère célibataire incapable d’oublier son bébé confié, sans son consentement, aux bonnes sœurs. De l’autre, un policier orphelin recueillant les animaux retrouvés sur les quais (des chiens et des chats, mais aussi un serpent et des orangs outans). La fin s’avère prévisible et fleur bleue, elle est néanmoins cohérente avec l’esprit du projet.
Le dessin semi-réaliste de David Ratte est plaisant. L’artiste aime visiblement dessiner le Paris de la Belle Époque. Ses décors ont l’allure des cartes postales où il n’y a que les feuilles mortes qui fassent désordre. S’il faut lui faire un reproche, c’est peut être que ses personnages se ressemblent trop d’un livre à l’autre. Un peu comme s’il confiait des rôles différents aux mêmes acteurs. Cela dit, ils jouent juste.
Une gentille comédie romantique et proprette, qui décroche le sourire.
Les avis
Erik67
Le 23/03/2022 à 07:34:52
La IIIème République est pour l'instant la plus longue que la France n'ait jamais connu mais en passe d'être battu par la Vème qui se poursuit actuellement. Pour autant, cette République a été la proie plusieurs fois d'un danger royaliste car beaucoup espérait le retour d'un roi à la tête du pays.
Il y a eu également beaucoup de scandales qui ont éclaboussé cette République au point de la faire vaciller. La plus célèbre fut l'affaire des fiches qui a failli renverser ce régime parlementaire. A l'origine, il y avait un simple pickpocket sur le parvis de la Tour Eiffel. C'est bien l'objet de cette BD qui fleure bon le Paris du début du XXème siècle c'est à dire de la belle époque avant la Première Guerre Mondiale.
La tonalité de cette œuvre est plutôt légère en faisant dans la romance et la poésie au-delà de l'aspect enquête policière et de l'aspect politique. On se demande si tout cela n'est pas une toile de fond pour que nos deux principaux personnages puissent se rencontrer et vivre une belle histoire d'amour. Cela ne sera pas au goût de tous les lecteurs, c'est certain.
Le graphisme de cette BD est magnifique tant il se dégage un certain charme. Les décors sont à couper le souffle. Et les personnages sont vraiment charmants. Bref, on ne peut que succomber à ce parfum de violette.