Résumé: Publié en 1972, La Petite Patrie de Claude Jasmin est un roman autobiographique qui a connu un vif succès. Chronique d’un quartier populaire de Montréal, il nous offre le regard d’un enfant de huit ans sur le monde qui l’entoure à l’aube des années 40 : la guerre, la religion, les jeux de ruelles, l’amour et la mort…
Julie Rocheleau et Normand Grégoire nous offre une adaption du populaire roman de Claude Jasmin, un livre qui nous rappelle notre enfance et l’insouciance qui s’y rattache.
M
ontréal,1938. Parties de hockey, courses effrénées et autres tours plus ou moins pendables : Claude, huit ans, et ses copains sont les rois des rues du quartier. L'annonce du début de la guerre, là-bas en Europe, en passerait presque inaperçue. Chez les plus grands, la situation est différente et les mines se font plus sombres. Enfin, pour l'instant, la vie continue.
Grand succès de la littérature québécoise, La Petite Patrie de Claude Jasmin est devenu culte grâce au feuilleton télé qui en avait immédiatement été tiré. L'impact du récit fut tel que l'arrondissement où se déroule l'intrigue fût même renommé officiellement Petite Patrie dans la foulée ! L'auteur y raconte ses souvenirs d'enfant et offre un portrait généreux du Québec d'avant la Révolution Tranquille. En plus de la bande de gamins, c'est tout un petit monde qui prend vie : des métiers aujourd'hui oubliés (l'exotique blanchisseur chinois, les marchands de primeurs, les chiffonniers, etc.) ainsi que des nombreuses habitudes passées depuis en désuétude comme le rôle central de la religion catholique. Sans démériter sur le fond, l'adaptation de Normand Grégoire peine à retranscrire toute la richesse du texte d'origine. Les différents épisodes se succèdent sans liens apparents, ni réel contexte général. En effet, le lecteur peu au fait de l'histoire récente du Canada peinera à saisir toutes les références culturelles et à se sentir vraiment concerné par ces saynètes. De plus, contrairement à l'excellent travail de Jimmy Beaulieu dans Magasin Général ou celui de Michel Rabagliati dans Paul, la retranscription de la typicité si musicale de la langue de la Belle Province n'est guère convaincante. En résumé, l'absence d'un réel fil rouge en dehors du temps qui passe rend la lecture guère prenante.
Après le Paris des années 10 hanté par Fantômas, Julie Rocheteau rentre « à la maison ». Son trait plein d'énergie emballe la narration : les cavalcades sont ébouriffantes et les bouilles pleines de vie ! En revanche, l'approche chromatique très, voire trop, travaillée s'avère des plus déconcertantes. La très sophistiquée colorisation (aplats de couleurs franches côtoyant des zones en N&B) censée souligner telle ou telle émotions apporte plus de confusion que d'informations. Si le stratagème fonctionne pour les grandes compositions, il impacte la lisibilité quand l'action prend le dessus. L’œil s’égare face à la juxtapositions de détails et le lecteur perd souvent le fil des événements. Au final, cette technique très ambitieuse gâche la lecture. La situation est d'autant plus dommageable que le travail de reconstitution (décors, costumes, etc.) de la dessinatrice est excellent.
À force de jouer le jeu de l'originalité à tout prix, La Petite Patrie passe à côté de l'esprit du roman de Claude Jasmin, sans réellement trouver sa propre pertinence.
Les avis
Erik67
Le 17/08/2021 à 08:27:22
Je n'ai pas vraiment aimé la petite patrie. C'est une chronique d'un quartier populaire de Montréal à la veille de la Seconde Guerre Mondiale et pendant celle-ci.
On observera surtout le jeu innocent des enfants qui jouent à la guerre. Il y a également ces petites touches qui nous rappelle que la guerre n'est malheureusement pas du jeu puisqu'on en meurt. Elle est cependant assez lointaine sur un autre continent. On continue à Montréal de fêter Halloween ou Noël comme il se doit.
La religion est assez présente dans cette œuvre qui a reçu une certaine bénédiction. J'avoue ne pas trop adhérer. Pire encore, je me suis royalement ennuyé mais c'était le risque à prendre. Il n'y a pas vraiment une histoire mais des petits récits qui partent dans tous les sens pour créer une ambiance de chronique sociale.