Résumé: Quelques jours après la chute du Mur de Berlin, un homme revient dans la ville qui l’a vu naître... et que peut-être il n’a jamais quitté. Il en arpente les rues dans un périple sans fin et ne s’arrête que pour écrire des courtes lettres à sa grand-mère, sans pourtant en attendre une réponse.
Le passé refait lentement surface et ses souvenirs se fondent aux récits entendus de la bouche de ses proches... Il est entouré par des ombres qui se dessinent sur les murs ; les façades fatiguées des immeubles lui renvoient l’écho de langues désormais oubliées. Les fantômes des anciens habitants, que le XXe siècle finissant a emporté avec lui, l’entourent mêlant leurs voix avec celles des hommes et des femmes, ceux-ci bien réels, qui les ont remplacés.
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n homme revient à Salonique, sa ville natale, en Grèce. Il déambule dans les rues et se souvient. Il écrit des lettres à sa grand-mère. De ces missives émergent des souvenirs ; ceux de ses proches et ceux de cette cité fondée il y a 2.000 ans. Une agglomération à la frontière de l’occident et de l’orient, où, au fil des siècles se sont croisés et succédés Romains, Turcs, Kurdes, Grecs, Arméniens, Albanais et Juifs séfarades... entre autres. Allez savoir pourquoi le narrateur est fasciné par les langues, dont il comprend la structure sans vraiment les parler. « Dans la langue il y a un grand pouvoir et la grammaire recèle un incroyable arsenal de guerre », affirme-t-il.
Il vaut mieux être bien éveillé pour se lancer dans cet album scénarisé par Elettra Stamboulis. Le ton est très littéraire, le style décousu, les changements d’époque fréquents. Il n’y a pas de réel récit, le lecteur doit accepter de suivre les déambulations du héros et plonger avec lui dans ses songes. La proposition est au départ alléchante, particulièrement lorsqu’il est question des codes linguistiques qui se séparent et convergent, mais le propos finit par s’éparpiller et l’intérêt s’émousse. Mention à l’excellente traduction de Marie José Tramuta dont l’écriture se révèle agréablement fluide.
Petite Jérusalem n’est pas véritablement une bande dessinée. Le bédéphile y découvre certes quelques pages avec des cases et des bulles, mais la plupart du temps Angelo Mennillo trace des dessins qui accompagnent discrètement la narration, comme s’il voulait éviter d’empiéter sur les mots qui demeurent au cœur du projet.
Un livre singulier, intéressant sans être séduisant.