Résumé: S'émanciper des traumas de l'enfance : le récit d'une reconstruction.
À l'heure où l'on apprend à lire, Lauriane et ses camarades de CP ont appris à se taire. Jusqu'à ce que la vérité éclate et que sa petite sœur et ses camarades accusent leur maître d'école. Celui-ci est reconnu coupable de violences sexuelles et condamné par la justice.
Des années après les faits, Lauriane ouvre la boîte noire de sa mémoire et retourne dans la cour d'école. Elle entrevoit l'hypocrisie de certains adultes et revient sur le chaos de son adolescence, lorsque tout remonte à la surface. Pour chasser les fantômes, elle nous entraîne sur le chemin d'une reconstruction possible. Sous nos yeux, la jeune adulte cherche à s'émanciper de l'enfant en mettant en scène un dialogue bienveillant entre la petite fille qu'elle était et la femme indépendante qu'elle est devenue. Son combat passe par la libération, maladroite et drôle, de « sa » parole et la réappropriation de son corps. Elle crie la colère qui la submerge, remet en question toute forme d'autorité et secoue les branches des tabous qui la cernent, résignée à ne plus jamais se laisser tomber.
Car oui, on peut apprendre, grandir, s'aimer et aimer, et devenir le parent - un peu anxieux mais avisé - d'une petite fille qui, à son tour prendra le chemin de l'école. Aujourd'hui, Lauriane est devenue elle-même professeure.
Ce livre est une autobiographie, de l’enfance à l’âge adulte, d’une fille ayant subi des violences sexuelles de la part de son professeur. Le sujet, touchant, est traité avec un certain recul, appuyé par un dessin aussi élégant que varié.
L’autrice passe ainsi en revue, par ordre chronologique, les différentes étapes de son drame intime au fil de sa vie, du déni à l’acceptation, et pose une série de questions pertinentes sur la vie que l’on peut construire à partir de cette blessure : rapport aux hommes, à la sexualité, confiance en soi et en l’autre… et l’inévitable interrogation autour de son rôle de mère.
La réalisation est appliquée et la sincérité évidente. Un brin trop scolaire, peut-être ? Comme pour « L’homme en noir », qui traite d’un sujet similaire sous un angle plus graphique, j’ai trouvé que l’expérience n’était pas complètement convaincante.
Reste l’admiration pour la femme derrière le personnage, qui a su se relever, faire sa vie et trouver la force de livrer ce témoignage.