Résumé: Statut des artistes, critères d'acceptabilité, rôle essentiel des intermédiaires et des institutions... Pour qu'il soit compris, l'art contemporain exige ces clés d'entrée. Véritable photographie sociologique du monde de l'art contemporain en ce début du XXIe siècle, cette bande dessinée s'est donné pour objectif de suivre les itinéraires de trois archétypes d'artistes afin de mieux nous faire comprendre le fonctionnement interne de l'art d'aujourd'hui.
L
es livres publiés par La Petite Bédéthèque des Savoirs ont au mieux l’allure d’un Que sais-je allégé et au pire celle d’une page Wikipédia illustrée. Dans les deux cas, on est didactique et sans fantaisie. Dans L’artiste contemporain, Benoît Feroumont et la sociologue Nathalie Heinich cassent le moule en proposant un reportage fictif construit autour d’un trio de jeunes créateurs. Il y a tout d’abord Edmond, le mondain en parfaite adéquation avec son époque qui connaît un immense succès. Son copain Jules obtient pour sa part l’estime de ses pairs avec ses trouvailles conceptuelles. Enfin, Anatole se résout à enseigner pour payer son hypothèque. Les destins des trois lascars se croiseront tout au long de l’album.
La formule est efficace, divertissante et néanmoins éducative. La spécialiste décrit le rôle de l’État et celui des mécènes qui portent aux nues le créateur qui répond à leurs attentes. Elle explique que la production actuelle se caractérise par la transgression, l’assemblage et le métissage des genres ; la peinture est pour sa part la mal-aimée des institutions. Certes, on tourne les coins ronds et les personnages sont des archétypes. Mais à travers ces trois figures, l’auteur fait le point sur une industrie, car c’est bien de cela dont il s’agit.
Rendre en images un tel propos est un défi que Feroumont ne relève pas. Les choses commençaient pourtant bien. Dès les premières pages, il copie habilement des toiles de Van Gogh et de Picasso. Son Léonard De Vinci est moins convaincant, mais dans le fond, ce n’est pas si grave. Le dessinateur évitera malheureusement d’illustrer l’Art contemporain qui est tout de même le sujet du livre. Et s’il le fait, c’est sous la forme de caricatures. Le lecteur est en droit d’attendre qu’il se compromette plus que cela. La mise en couleur signée Sarah Marchand est pour sa part basique et sans imagination.
Une explication sommaire et bien faite de l’industrie de l’art contemporain. La formule de La Petite Bédéthèque des Savoirs ne convainc cependant toujours pas parfaitement.