A
la fin du IIIème siècle avant notre ère, l'île de Rhodes peine à se remettre des années de guerre passées contre les Macédoniens. La petite famille de Charrès, un ancien forgeron reconverti en maraîcher, vit au rythme du marché de la la ville, lieu de vente idéal des fruits et légumes. Une rencontre étonnante va faire basculer sa paisible existence : la venue d'une éléphante montée par un étrange Egyptien et son bâton magique ancestral. Ce dernier a le pouvoir de multiplier le volume des plantes du jardin potager. Charrès ne se fait pas prier pour profiter de cette aubaine et devient vite la coqueluche du marché de Rhodes. Son statut fait des jaloux parmi ses concurrents, en particulier Epolis qui va monter une véritable cabale et chercher par tous les moyens de tirer profit de ce nouveau commerce.
Quel est le point commun entre un Petit conte léguminesque et la construction du colosse de Rhodes ? A priori, aucun... C'est pourtant ce que va raconter Eric Sannier dans cette histoire très originale. Avec un concept de départ se rapprochant assez de faits historiques réels, il imagine un scénario totalement farfelu où le légume prend une importance capitale. Le récit est plutôt plaisant mais loin de provoquer une crampe des zygomatiques. Quitte à donner dans la complète absurdité, certaines scènes paraissent trop sérieuses, d'autres manquent de piquant ou de folie. La demi-mesure convient plutôt mal à ce style de fable. Quant à la raison finalement invoquée pour justifier l'édification de la statue de bronze, elle semble pour le moins capilotractée. Le dessin en noir et blanc oscille entre du Gotlib et du Frédérik Peeters dans Lupus sans pour autant atteindre la maîtrise ni de l'un ni de l'autre. Il reste néanmoins agréable, certaines postures ou expressions des personnages, trop rares, étant vraiment hilarantes.
Petit conte léguminesque est l'œuvre de deux jeunes auteurs au talent prometteur. Disposant d'indéniables qualités, sa lecture est divertissante à défaut de laisser un souvenir impérissable.