Résumé: Kino, est un pêcheur de perle. Il vit avec sa femme Juana et leur bébé Coyotito, au bord de l’eau en Basse-Californie. Leur vie est rythmée par les gestes simples de la vie, dans un ordre immuable des choses : dormir, manger, s’occuper de leur enfant, prendre la barque, pêcher des huitres, chercher des perles.
Jusqu’au jour où Kino pêche une perle énorme « parfaite comme la lune ». Les forces du mal se déchaînent alors contre lui.
La cupidité et l’envie l’obligent à se défendre et à tuer. La perle fabuleuse n’aura été pour eux qu’une brêve rêverie et un atroce cauchemar. Car on ne dérange pas si facilement l’ordre des choses.
Le jour où Kino l’Indien, pauvre et analphabète, pêche une énorme perle, sa vie tourne au cauchemar. John Steinbeck (qui obtient le Prix Nobel en 1962) signe avec La Perle, une fable sociale noire mais lucide sur les injustices les plus révoltantes de son époque. Jean-Luc Cornette s’empare de cette histoire universelle, dans une adaptation graphique captivante au pouvoir d’évocation d’une grande intensité.
C
'est l'histoire de Kino le pêcheur, de sa femme Juana et de leur bébé Coyotito. Ils vivent très modestement dans un petit village, mais ce peu leur suffit. Un jour pourtant, le poison infiltre cette tranquillité : un scorpion pique l'enfant.
C'est le récit d'une perle, cachée dans une huître au fond de l'eau. Elle est symbole d'espoirs, de rêves et de désirs. Un matin cependant, elle sera découverte par un homme acculé par la fatalité.
C'est un conte où les pulsions nuisibles d’avidité, de vanité et de malveillance s'expriment. De tous temps malheureusement, ce schéma se répète à l'infini.
Jean-Luc Cornette adapte ici l'une des œuvres les plus connues de John Steinbeck. Sous forme de courts chapitres, il exprime de manière remarquable ce constat universel : l'argent ne fait pas le bonheur. La concision du texte fait ressortir l'âpreté du ton, modèle de sobriété et de puissance. Le traitement est certes manichéen, néanmoins la morale est claire et implacable. La tension bien gérée ne fait que monter car une ombre funeste plane en permanence. Ce miroir de l'âme humaine écrit en 1947 ne s'est pas voilé malgré les années, démontrant ainsi la force de la métaphore.
Le style caricatural recèle beaucoup de personnalité grâce à un trait anguleux assez dur qui apporte la sécheresse adaptée à la noirceur de l'ouvrage. La trame hachurée grossièrement ajoute de la profondeur et du relief aux aplats de couleurs contrastés et vifs. Le cadrage varié et le découpage simple (planches à trois bandes alternant avec les pleines pages contemplatives) impose une lecture lente et attentive qui fait monter le suspense.
Une transposition en images fidèle au roman, avec un graphisme moderne de caractère : voilà ce qu'apporte cette version d'un classique de la littérature américaine. À (re)découvrir avec un plaisir amer.
Les avis
Erik67
Le 11/10/2020 à 11:02:24
De John Steinbeck, je connaissais surtout Les raisins de la colère ou encore A l'Est d'Eden qui fut incarné au cinéma par un certain James Dean. Je ne connaissais pas trop ce roman court à savoir La perle parue en 1947. Il est vrai que cela date un peu. On retiendra que l'auteur a quand même eu le prix Pulitzer en 1940 mais a également été prix Nobel de littérature en 1962. Bref, ce n'est pas rien et cela mérite lecture.
La perle est tout d'abord une fable un peu triste d'un pêcheur mexicain qui essaye de sauver de la maladie son fils et qui finira par le perdre. C'est une parabole sur le fait qu'il ne faut pas courir après les richesses car on peut perdre beaucoup. Les pauvres ne doivent surtout pas s'enrichir car cela pourrait leur coûter encore plus. Il est vrai qu'avec cette moralité, on ne pousse pas les individus à se dépasser. Mais bon, c'était sans doute dans l'air du temps. Encore une fois, très peu pour moi.
Je n'apprécie pas trop le dessin anguleux de Jean-Luc Cornette mais le travail reste tout à fait honnête. Après, il faut aimer le propos.