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rojetés dans le temps par l’entremise de leur précieux parchemin, Piero, Sara, Mei, Arnold et Driss se retrouvent une fois de plus dans l’inconnu. En 2112, par-dessus le marché ! Alors qu’ils espéraient tellement revenir à leur époque originale. Autant vous le dire tout de suite, ce futur se montre particulièrement inquiétant : les adultes sont à peu près tous morts lors de la grande panne du réseau virtuel et la civilisation en tant que telle a cessé d’exister. Seuls des groupes d’enfants survivent ici et là. La loi de la jungle est de mise et il faudra bigrement de courage et d’inventivité à la petite bande pour s’échapper de ce chaos post-apocalyptique.
Deuxième tome de Perdus dans le futur, Piégés reprend la même formule que Tempête. Des péripéties à haute tension, une bonne dose de raisonnement sur les conséquences de ses actes, énormément d’humour et d’émotion, le tout est nourri par une dynamique de groupe imparable. Les codes des séries jeunesse bien en main, Damián déroule son scénario d’une manière naturelle et diablement efficace. Par contre, il a peut-être plus de peine à vraiment faire vivre tout son gang. Cinq protagonistes principaux aux tempéraments divers, une longue liste de personnages secondaires d’importance, cela fait beaucoup de monde à animer, peut-être un peu trop. Sans oublier que le scénario va bien au-delà du simple récit d’aventure. En effet, le scénariste pose des vraies questions d’aujourd’hui - les risques d’isolation du fait de l’usage excessif du numérique et les dégâts sociaux que cela peut engendrer – de manière très directe. Heureusement, ces passages plus théoriques sont parfaitement intégrés à la trame générale et totalement adaptés et compréhensibles par le lectorat visé.
Dessins et design cartoon contemporain, Àlex Fuentes anime cette angoissante fable avec ce qu’il faut de recul. La violence reste retenue, mais pas cachée. Malgré une situation délétère et quasiment désespérée par moments, le dessinateur garde la tête froide et ses illustrations restent amusantes et optimistes. Rythmé et n’hésitant pas à jouer la carte de la tarte à la crème, le découpage sait dépasser ses limites et certaines planches explosent littéralement. Ces effets, toujours bien dosés, apportent dynamisme et, comme dans les dessins animés, évite de faire couler le sang inutilement. Résultat, les messages passent, c’est là l’essentiel.
Énième itération du roman initiatique façon Deux ans de vacances, Le nuage vert ou Sa majesté des mouches, Perdus dans le futur est une lecture intelligente qui n’oublie pas le plus important : le fun et la rigolade.