Résumé: Le 27 décembre 2007, la ville de Rawalpindi, au Pakistan, est la proie de violentes émeutes, suite à l'assassinat de Benazir Bhutto, principale opposante au régime en place. Dans la foule, Sarah Caron, photographe française, saisit avec son appareil les moindres détails de la scène. Mais très vite, la jeune femme est repérée et se retrouve poursuivie, craignant pour sa vie. Un mois plus tôt, Sarah rencontrait Benazir Bhutto afin de réaliser une série de portraits commandées par le magazine "Time". Une entrevue difficilement décrochée et qui, par un pur hasard, survenait le jour même de l'assignation à résidence de l'opposante. Une aubaine pour Sarah : pendant 4 jours, elle se retrouvait aux premières loges de l'actualité ! De jour, elle mitraillait les lieux, de nuit, elle transférait ses clichés. En immersion totale et au gré des commandes, la jeune femme passe cette année-là du monde de l'élite pakistanaise à celui des talibans, avec l'aide d'un fier guerrier pachtoune. Son objectif est une arme dont elle se sert pour frapper les esprits et franchir les frontières, qu'elles soient physiques ou culturelles, et ce malgré le danger des lieux et des situations.
«
Je me suis dit que Benazir Bhutto, c’est un peu Brigitte Bardot au pays des fous de Dieu. »
Pakistan, 2007. Le gouvernement est en crise, mais Sarah Caron n’a peur de rien. Elle parcourt le pays des purs (i.e. Pakistan), fait confiance aux gens et capte des images pour les plus importantes publications du monde, ce qui lui permet notamment de côtoyer la politicienne que l’armée confinait à résidence, peu avant qu’elle soit assassinée.
Le récit de la photoreportrice française, adapté par Hubert Maury, ressemble un peu à cet univers : désordonné (en fait, l’histoire l’est un peu alors que cette région l’est beaucoup). Les changements de lieux sont fréquents, les personnages, plus ou moins secondaires, apparaissent et disparaissent à la faveur des épisodes, sans oublier un enchaînement des péripéties qui étourdissent par moment.
Le sujet de cet ouvrage n’est cependant ni la présidente ni les événements politiques qui bousculent cette contrée. Le cœur de l’entreprise est la journaliste dont on découvre le travail et les traits de caractère. La jeune femme a de toute évidence du mal à s’y retrouver dans cette civilisation faite de traditions, de codes d’honneur et de rivalités interconfessionnelles, mais avec le concours d’une indéfectible chance, elle tire toujours son épingle du jeu.
Bien que le substrat soit dramatique, les scénaristes ont fait le choix de l’aborder avec une certaine légèreté. Rien ne semble vraiment grave. L’héroïne est facétieuse, maladroite et rigolote. Son regard est superficiel; sa fonction n’est d’ailleurs pas d’expliquer et de décortiquer, mais plutôt de montrer.
Le dessin est à l’avenant. Le contexte est dur ? Qu’à cela ne tienne, l’artiste l’attaque comme s’il s’agissait d’une aventure de Spirou. Le trait est caricatural, les expressions des acteurs sont exagérées, les onomatopées sont omniprésentes et quand il y a une poursuite automobile les voitures volent et sont entourées de petites lignes pour souligner la vitesse.
La plus grande partie du livre est traitée en bichromie par Clémentine Louette, ce qui est presque une norme pour un roman graphique de cette taille (200 pages). Quelques planches sont en noir et blanc, voire en noir tellement elles sont encrées. Ces illustrations sont fort réussies.
En terminant cette bande dessinée, le lecteur a la très belle impression qu’il vient de mettre la main sur le premier tome d’une série consacrée à Seccotine, l’impétueuse scribouillarde que les successeurs d’André Franquin ont trop rarement remise en scène.
Les avis
Erik67
Le 30/08/2020 à 15:22:40
J'aime beaucoup de type de bd documentaire sur le théâtre des opérations par une journaliste. Ils risquent leur vie pour nous apporter de l'information. Autant dire que cette bd a eu une certaine utilité. Il est vrai qu'on est façonné pour penser cela ou autre chose à propos de tel homme ou figure politique dans le monde. C'est parfois à raison mais également à tort.
Ainsi, on apprendra des choses que l'on ignorait sur Benazir Bhutto et sa famille notamment son "charmant" mari qui lui a succéder à la tête de l'Etat pakistanais peu après l'attentat qui lui a couté la vie en 2007. On se rend compte que tout le monde n'est pas pur dans le pays des purs. Mais cela, on aurait pu facilement le déceler.
C'est une oeuvre qui nous plonge dans un monde cruel et sans aucune pitié notamment pour les femmes. C'est également un bon boulot de reporter de terrain très bien retranscrit en bande dessinée car la forme est assez plaisante à la lecture. Cela nous apporte un autre regard sur l'actualité récente du Pakistan, pays détenteur de l'arme nucléaire.
Random-
Le 06/04/2018 à 15:07:18
Cet album tient du reportage de guerre. Les dessins sont agréables et mettent en valeur la narration des événements. On découvre ainsi quelques aspects du Pakistan, pays mystérieux et dangereux. Les risques pris par la journaliste sont d’ailleurs impressionnants. Seul petit bémol: le désordre chronologique des chapitres, qui n’apporte pas de réelle plus-value.