Résumé: S'il y a quelque chose que Jo n'aime pas, c'est d'être embrassé par sa tendre mère - Madame Chattemite - surtout si c'est devant les copains. « Des baisers ! Toujours des baisers ! » hurle Jo. « Je les déteste, je n'en veux pas ! Des baisers pour dire bonjour, bonsoir et merci ! Des baisers humides et poisseux, toujours des baisers ! » Comment Madame Chattemite s'y prendra-t-elle désormais pour témoigner sa grande affection maternelle ? En adaptant Pas de baiser pour maman en bande dessinée, Mathieu Sapin revisite un classique de la bibliographie de Tomi Ungerer, et rend hommage à une oeuvre ayant le plus marqué son enfance et orienté sa carrière.
C
omme tous les chatons de son âge, Jo aime les tripes de taupe et fume en cachette. À l’école, bien qu’il soit un peu dissipé, la maîtresse, mademoiselle Ronronette, l’apprécie. Le gamin a des parents aimants et une maman démonstrative. Elle adore donner des bisous, alors que son rejeton déteste en recevoir.
Le projet est une adaptation de Pas de baiser pour maman, un livre de Tomi Ungerer sur la difficulté de communiquer ses sentiments. L’ouvrage est destiné aux enfants, mais également à leurs pères et mères. La morale se révèle toute simple : il faut être à l’écoute de l’autre et demeurer sensible à ses besoins.
Au-delà de la visée pédagogique, l’album présente un récit plaisant, généralement rigolo. Les jeunes se reconnaîtront certainement dans ce héros en quête d’autonomie et d’affirmation, allergique à l’hygiène et aux vêtements repassés. L’époque n’est pas précisée, le lecteur subodore qu’il s’agit des années 1960, avec le stéréotype de la ménagère qui s’ennuie et n’hésite pas à faire du chantage émotionnel pour arriver à ses fins.
Auteur complet, Mathieu Sapin assure les illustrations dans un style tranchant nettement avec celui de ses chroniques politiques. Le dessin apparaît en effet moins schématique qu’il ne l’est dans sa production destinée aux adultes (Campagne présidentielle, Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu). Les visages félins démontrent beaucoup de caractère, particulièrement leurs yeux dans lesquels se devine l’intensité des émotions. Le choix de l’encre et du lavis offre de beaux résultats ; il est toutefois possible que la sobriété du noir et blanc plaise davantage au parent qu’à sa progéniture.