E
n quelques années Parker et Badger a réussi à se faire une place au soleil des séries d’humour qui reposent le plus souvent sur le mode délicat du gag en une page. Le duo parfaitement complémentaire formé par un échalas inconséquent et son compagnon insolite (pensez donc, un blaireau) qui tente de mettre du plomb dans la tête de l’autre ou tout du moins de rattraper ses gaffes a été adoubé dès leurs premiers pas par nos chères têtes blondes et leurs aînés réunis.
En général, ce genre de rappel élogieux précède un coup de semonce. Et le sentiment qui prévaut après la lecture de ce 5ème tome ne permet pas d’aller à l’encontre de la tradition. C’est un soupçon d’ennui qui l’emporte à la découverte de Mon frère, ce blaireau. Comique de répétition soit, c’est souvent la loi du genre mais là l’impression qui domine c’est celle de la difficulté à se renouveler. L’escapade au camping du début passée (et encore on ne peut pas dire qu’on y découvre autre chose que du très classique), les situations n’échappent pas à un train-train ronronnant ses gammes.
Jusqu’au sursaut de l’histoire courte, Le projet Blaireau (décidément, après le titre, la tendance est au jeu de mots et à l’à peu près), qui apporte un peu d’air frais. La révélation des origines du duo est savoureuse, le fait que ce soit le petit animal qui en assure la présentation renforce bien l’idée que s’il y a un des deux compères qui a vraiment évolué depuis cette époque ce n’est pas forcément celui qui figure naturellement sur le livret de famille. Cet intermède réjouissant ne sera malheureusement qu’une parenthèse, les souvenirs de cour d’école, déjà largement évoqués par d’autres sur des modes similaires au point qu’ils paraissent aussi usés que des fonds de culottes, ne suffisent pas à redresser la barre.
Mince, c’est la première fois que la déception l’emporte à la découverte d’un nouveau P&B. Sans rancune, et vivement le prochain !