Résumé: Lauriano encore sous le charme de sa nuit, fait connaissance d’un marchand de journaux du temps passé, d’avant la guerre de 1914, quand la vie semblait belle.
Mais le bonheur est de courte durée. Lauriano se lance à la poursuite d’un fantôme, Leone. Des fascistes tentent alors de l’assassiner.
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L’indépendance de Fiume ne suffit plus à Gabriele d’Annunzio. Soutenu par Mussolini, il souhaite désormais envahir la Yougoslavie. Pourtant, ses rêves mégalomanes traduisent plutôt une fin de règne marquée par un désir de reconnaissance qui tarde à venir. Pendant ce temps, le petit port, coupé du monde, abrite une micro-société totalement désordonnée dans laquelle cohabitent tant bien que mal gangs et bandes rivales. L’idylle de Mina, une jeune chanteuse, et de Lauriano, ancien soldat, est le seul rayon de soleil qui tente d’éclairer tous les chemins noirs de Fiume.
Les Fantômes marque la fin du diptyque consacré aux rêves d’indépendance d’une ville du bord de la mer Adriatique. La suite de Par les chemins noirs devrait conduire le lecteur vers d’autres horizons tout en conservant le même thème qui, comme l’explique David B, « cherche à rendre la folie d’une époque, le bouillonnement ininterrompu d’une Europe où révolutionnaires, nationalistes, anciens combattants en rupture de ban, membres de société secrètes, etc. s’épanouissaient en toute liberté, ou presque. »
Pourtant, c’est le personnage de Lauriano qui retient plus particulièrement l’attention. Plutôt effacé dans le premier tome dans lequel il subissait les événements plus qu’il n’agissait, cet ancien membre des Arditi prend dans le second une importance capitale. La douceur de ses yeux bleus contraste avec la folie qui ronge son esprit marqué par les horreurs des champs de bataille. C’est précisément sur ce terrain que David B excelle, utilisant un symbolisme qui donne à chaque image une dimension exceptionnelle, comme il avait pu le faire auparavant dans l’Ascension du Haut Mal.
Le reste du récit, sans parler franchement de déception, ne donne pas pour autant entière satisfaction. Si la volonté de présenter quelques histoires, mal connues, de l’Histoire est louable, il n’y a pas, en revanche, de véritable attachement au destin de Fiume. Les chemins noirs empruntés par la population sont parfois pour le moins obscurs. Quant au personnage de Mina, dont la couleur des yeux est l’un des nombreux points communs avec Lauriano, il manque un peu de profondeur. Reste cependant le trait expressif de David B qui fait merveille aussi bien dans les scènes très intimistes que dans les combats où les corps s’entremêlent dans une incroyable confusion.
Où seront situés les prochains chemins noirs ? En Irlande ? En Allemagne ? En Russie ? Peu importe, si tant est que l’histoire soit un brin plus accrocheuse, de façon à laisser s’exprimer tout le talent d’un auteur incontournable.