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rpheline depuis la disparition de son père, Michel Revoy un célèbre océanographe, dans un naufrage, Sophia grandit sous la tutelle de son oncle Paul. Comme l’école, ce n’est pas trop ça, elle trouve du réconfort à l’Aqualand, le parc de loisirs aquatiques que tente de maintenir à flot son tuteur. Le public veut des attractions, les financiers des retours sur investissements, alors que Paul souhaiterait avant tout mettre l’accent sur les sciences et la découverte. Il n’est pas facile de trouver le bon équilibre et la faillite menace. Ce petit univers précaire est bouleversé quand débarque un étrange automate composé d’un vieux scaphandre de plongée et piloté par une équipe de crustacés et autres créatures marines.
Récit jeunesse loufoque, doté d’une bonne dose de tendresse et de fraîcheur, Panique Aquatique se montre malheureusement particulièrement brouillon dans ses intentions et ses développements. Un peu d’aventures mêlant L'Odyssée sous-marine de l'équipe Cousteau, quelques péripéties façon Sauvez Willy, de l’humour lorgnant vers Le monde de Nemo, avec, au milieu, une héroïne tentant de sortir de sa mélancolie et, parce qu'il le faut bien, des méchants caricaturaux. Pour composer ce scénario cousu de fil blanc, Dan Santat semble s’être limité à assembler différents éléments narratifs sans vraiment se soucier de les relier par un réel enjeu. Pourtant, l’idée du robot piloté par des bras cassés aquatiques est amusante, tandis que la psychologie de Sophia, si elle est simple au demeurant, repose sur des bases solides et éprouvées. Par contre, la chronologie demeure mystérieuse (les mois passent sans avertissement ni indication) et les ressorts dramatiques s’avèrent totalement éculés au mieux. Certes, les scènes d’action sont pléthores, les gags aussi et la lecture avance promptement. Cependant, outre l’impression d’avoir déjà lu ou vu ces rebondissements mille fois ailleurs et le manque de cohésion de l’ensemble, il est difficile de se sentir concerné par cette histoire aux coups de théâtre à la fois confus et téléphonés.
Visuellement, le dessinateur ne s’encombre pas de détail et se focalise uniquement sur les personnages et leurs interactions. La démarche apporte clarté et lisibilité, mais au prix d’une absence de ressenti passablement gênant. Jamais le lecteur ne peut placer les protagonistes dans un cadre à peine dépeint ou ne serait-ce esquissé. Résultat, entre un déroulement guère prenant et des planches manquant de substance, l’album n’arrive jamais à être réellement palpitant.
Deux-trois archétypes noyés dans un vague scénario conduisant à une morale élémentaire (la famille avant tout), Panique aquatique ne croit pas à l’intelligence de son lectorat et préfère lui servir une bouillabaisse d’idées reçues plutôt que de le challenger ou le confronter aux mystères des profondeurs.