Résumé: Californie / Nevada.
Hiver 1869, 4 ans après la fin de la guerre de Sécession. Fort Sutter est un véritable lieu de débauche pour les pionniers et les quelques soldats encore en faction. L’arrivée inattendue d’un étrange capitaine va bousculer les habitudes du fort... d’autant plus que les indiens de la Sierra Nevada, jusqu’ici en paix avec les blancs, attaquent le fort sans raison apparente ! Quel est le lien entre les indiens et ce capitaine taciturne aux réactions violentes et imprévisibles ?
R
etrouvé inanimé dans la neige, le capitaine Flint trouble le quotidien du Fort Sutter, étrange lieu où cohabitent rebuts en disgrâce de l’armée et pionniers peu fréquentables. Selon ses dires, il est l’unique survivant d’une troupe d’éclaireurs tombés sous les coups des Indiens de la Sierra Nevada. La version qu’il donne de l’incident est d’autant plus curieuse que ceux-ci sont réputés pacifiques. L’homme divise au sein de la communauté hétéroclite.
Nouvel arrivant dans la collection 1800, L’ours-lune dispose de quelques attraits mais aussi d’au moins un défaut qui vient en rendre la découverte mitigée. Alors qu’il promet une combinaison mêlant huis-clos à l’intérieur d’un espace jusqu’alors protecteur (ce fort à l’écart d’une société qui s’est abstenu pour l’heure d’en condamner les occupants) et vastes étendues sauvages aussi dépaysantes que dangereuses, le rythme imprimé à l’exposition des personnages et des faits qui fissurent l’équilibre précaire ambiant plombe la lecture. Il fallait bien installer un climat, poser les motivations comme les caractères pour qu’ils s’affrontent, introduire l’once de shamanisme qui se contente toujours de planer sur le récit à la fin de cette longue entrée en matière mais, au final, l’engourdissement en atmosphère glaciale guette. Après un retentissant Tortuga, le nouveau scénario de Sébastien Viozat est une déception et, la chose est connue, quand on s’ennuie l’esprit s’évade jusqu’à flirter avec le délire. Au point, dans mon cas, de trouver des similitudes entre la population de Fort Sutter et la colonie pénitentiaire de Fiorina 161, la planète-prison de Alien³ de David Fincher, sur fond de XIXème siècle et de grands esp… euh de grandes plaines.
Pour se dégager de la morosité, le premier essai en matière de BD de l’expérimenté coloriste Florent Bossart (Bouncer t7, Le Pape terrible) vient relever l’intérêt. Son dessin, s’appuyant sur un crayonné rehaussé d’une mise en couleur tout à fait convaincante, sait associer dynamisme des cadres notamment dans les scènes les plus tumultueuses, lumières « naturelles » et sens de l’épure pour les extérieurs. De quoi faire oublier des visages qui témoignent d'une marge de progression potentielle.
Tenter d’installer un climat est un exercice difficile et à la lecture de Fort Sutter, l’idée de le sacrifier vient à l’esprit : c’est à la fois impitoyable et révélateur que tout espoir de lire un second volet plus prenant n’est pas abandonné.
Les avis
Saint -Jean
Le 09/07/2020 à 19:42:31
Je suis du même avis que le précédent. Il y a des pépites et l'Ours Lune en fait partie. Le scénario nous balade entre magie des Indiens et la haine entre blancs. L'histoire se lit avec un intérêt suivi en deux albums. L'hiver, le fort, le sang... C'est un album violent et passionnant.
mome
Le 30/01/2012 à 23:21:22
Cette collection "1800" est vraiment pleine de pépites. Et en voilà une nouvelle.
Sur la base d'un western plein d’éléments classiques (un gradé qui se retrouve dans un fort dans lequel se trouve la lie de l'armée; un colonel qui veut casser de l'indien à la demande d'investisseurs qui veulent récupérer des mines d'or), les auteurs nous offrent un récit vif et fluide sur lequel se greffent rapidement des éléments fantastiques. La narration est sans temps mort, les personnages sont intéressants et le mystère total !
Et puis les dessins de Florent Bossard (1ère BD) sont très réussis. C'est avec plaisir que j'ai parcouru ces planches qui attirent le regard, avec des personnages qui ont un charisme certain, des paysages enneigés magnifiques. Au feuilletage de l'album, je dois avouer que je n'étais pas pleinement convaincu, trouvant que le dessin avait un petit côté flou, imprécis, en particulier sue les visages. Mais bien aidé par une colorisation très agréable et adaptée aux différentes scènes, le graphisme parvient vraiment à rendre l'atmosphère de ce fort perdu dans la sierra enneigée et des évènements violents qui s'y déroulent.
Une série dans la droite ligne de cette collection 1800, imposant des personnages forts et un graphisme marqué cherchant clairement à coller à l’atmosphère du récit.
Un premier tome d'un western fantastique, une sorte de huis clos à ciel ouvert, très bien réalisé et qui m'a procuré un très bon moment de lecture.