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oukiata prépare ses vacances à Ouagadougou où elle retrouvera sa famille. La veille de son départ, elle échange des souvenirs du Burkina Faso avec son amie Chantal. Le récit alterne entre le quotidien à Paname et la jeunesse de l’héroïne qui, enfant ou adolescente, a les mêmes soucis que tous les gamins du monde ; en gros : comment sortir faire la fête sans que papa la surprenne.
Roukiata Ouedraogo raconte les aventures de la protagoniste avec une touche d'humour. Mais sous ces anecdotes en apparence anodines, se dissimule un réel propos : vue du Sud, l’Europe en général et la France en particulier sont un El Dorado. Celui qui y vit est forcement riche. Les immigrés se montrent pourtant loin d’être fortunés dans le quartier Château Rouge, une bulle d’Afrique au cœur du XVIIIe arrondissement. L’Hexagone demeure également la référence absolue en matière de mode et de culture. Quand elle rentre chez elle, l’expatriée doit donc jouer le jeu et porter de jolies robes… achetées chez Tati.
À travers une poignée d’historiettes, le lecteur part à la rencontre d’un pays où chaque franc est compté. Il découvre aussi un lieu où le dogmatisme religieux, incarné par le père, a un ascendant certain sur la population. Par ailleurs, l'autrice évoque, sans vraiment insister, les nouvelles réalités géopolitiques, notamment la présence grandissante de la Chine. Il aurait été intéressant de creuser cette question.
Le dessin semi caricatural d’Aude Massot se révèle en phase avec le projet. D’emblée le bédéphile note la colorisation. Les jaunes, les rouges et les bleus, tous très vifs, sont posés en aplat et donnent le ton à l’album. Les personnages, bien que schématiques, ont beaucoup d’expressivité. Les décors s’avèrent rares, cela dit, ce n’est pas vraiment important ; cette bande dessinée de près de cent soixante-dix planches est faite pour être lue rapidement.
Un livre sympathique qui devrait plaire aux amateurs d’Aya de Yopougon.