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lacé dans un orphelinat dès son plus jeune âge, Théo est convaincu qu'une immense tour invisible se dresse en plein coeur de New York et ce, malgré les recherches infructueuses d'Alice, une intelligence artificielle. De ce bâtiment fantomatique proviendraient les étranges créatures qui le hantent et veulent s'emparer de lui. Incompris de tous et à l'origine d'évènements troublants, le jeune garçon semble toutefois intéresser l'énigmatique superviseur Norton...ainsi qu'un mystérieux moine venu des souterrains.
Le futur dépeint par Julien Blondel dans les Orphelins de la Tour s'avère aussi plausible que convaincant, sans être foncièrement original. En effet, le scénariste ne fait qu'amplifier certains aspects de notre époque. Ainsi, tandis que les fractures sociales sont symbolisées par des différences de qualités et de types d'habitation, les nouvelles technologies ont eu raison de l'indépendance des habitants. Si, pour le moment, cela n'a que peu d'importance dans le récit, plusieurs indices laissent à penser qu'il pourrait en être autrement par la suite. Toujours est-il que l'introduction à cet univers se révèle haletante et captivante. Multipliant les mystères et soulevant les questions sans réponse autour de charismatiques protagonistes, le scénario de cette série d'anticipation aiguise la curiosité et convaincra, notamment, les amateurs d'Akira. Avec une fin d'album qui voit le rythme et le suspens s'accroître de manière significative, inutile de préciser que la suite se fait déjà attendre !
Sur Pandora, sa première série, Thomas Allart semblait chercher son style graphique en s'essayant à diverses techniques plus ou moins heureuses, aujourd'hui, il parait l'avoir trouvé. Son trait a énormément évolué, gagnant en caractère et personnalité ce qu'il a perdu en détails inutiles, pour être en parfaite adéquation avec le genre dans lequel s'inscrit Théo. Bien que l'on puisse lui reprocher un certain manque de dynamisme et de fluidité, en particulier durant la séquence de ''hockey'' futuriste, et un encrage parfois trop soutenu, qui a tendance à vieillir les personnages, il sait créer une ambiance particulièrement pesante, voire angoissante. Enfin, les décors épurés et la mise en couleurs froides et métalliques sont le reflet d'un New York qui n'est plus qu'une ruche de verre et de fer et dont les habitants se voient dicter leurs faits et gestes par la technologie.
Cette introduction aux Orphelins de la Tour, à la fois intrigante et convaincante, associée à un dessin efficace, a toutes les qualités pour contenter les amateurs de science-fiction.