Résumé: Tout Longbourn est en émoi depuis l'arrivée du fortuné Mr Bingley ! Menacée par un testament laissant toute la fortune de la famille à un lointain cousin, Mrs Bennet espère assurer son avenir en mariant l'une de ses cinq filles à ce riche héritier.
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arier ses cinq filles, de préférence à de bons partis, telle est la grande préoccupation de Mrs. Bennet. Alors, quelle aubaine qu’un riche célibataire arrive au manoir de Netherfield ! En s’y prenant adroitement, il pourrait bien épouser Jane, l’aînée. Présent à la garden party du village de Meryton, Charles Bingley charme d’emblée et paraît tout aussi enchanté. En revanche, ses sœurs, habituées à fréquenter la haute société londonienne, pincent la bouche et son ami, Mr. Darcy, se montre franchement désobligeant. Tellement même qu’Elizabeth, la puînée des Bennet, le prend en grippe. Comme si devoir côtoyer cet individu hautain ne suffisait pas, voilà que le pédant révérend Collins, cousin des sœurs et héritier du domaine, s’invite dans le but avoué de courtiser l’une d’elles, puis de convoler.
Adaptée à plusieurs reprises au cinéma, à la télévision ou encore au théâtre, la célèbre œuvre de Jane Austen, Orgueil et préjugés, a également inspiré des suites et des transpositions, avant d’être déclinée en shojô manga par Stacy King et Po Tse chez Soleil et de connaitre désormais une version signée Aurore (Pixie, Lady Liberty, Sweety sorcellery), chez le même éditeur. Prévue en trois tomes pour autant de livres composant le roman, cette série se veut fidèle à l’original. De fait, elle l’est, tant dans l’esprit que dans la lettre.
En effet, de nouveau aux commandes du scénario et du dessin après Harfang, l’autrice respecte au mieux le joyau de la littérature britannique pour en restituer l’essence avec brio. Sans s’appesantir sur les passages plus longs, elle met rapidement en scène la galerie de personnages qui évoluent dans ce microcosme bourgeois de l’Angleterre à l’aube du XIXe siècle. Les rencontres et opportunités se succèdent, rythmant le récit, tandis que chacun des protagonistes se voit mis en avant, ce qui permet d’en discerner la personnalité, voire, pour certains, les travers. Dépourvue de récitatif et, surtout, d’indications lors des transitions, la narration passe par de longs dialogues bien construits et s’appuie aussi beaucoup sur le rendu des attitudes et l’expressivité des visages.
Une large part du plaisir de lecture provient du graphisme agréable d’Aurore et du soin qu’elle apporte tant aux costumes d’époque, qu’aux décors et aux ambiances. Le côté girly de son trait se marie bien avec la nécessité de représenter les nombreuses figures féminines de l’histoire. Celles-ci se révèlent d’ailleurs toutes bien caractérisées, y compris les cinq sœurs Bennet, reconnaissables les unes par rapport aux autres grâce à un style vestimentaire ou une coiffure spécifique, en sus des couleurs d’yeux ou de cheveux. Quant aux hommes, ils ne sont pas en reste. Un découpage efficace et des cadrages variés passant de gros plans à des vues plus larges assurent dynamisme et bonne lisibilité. Enfin, une colorisation tout en nuances lumineuses enrobe joliment l’ensemble.
Belle entrée en matière pour ce premier tome d'Orgueil & préjugés qui donne furieusement envie de se (re)plonger dans le texte de Jane Austen en attendant la suite.