Info édition : Noté "Première édition".
Contient deux planches en fin d'album sur "Jérôme Bosch" et "Le jugement dernier".
Résumé: D'après une vision d'Eusébius, la fin du monde dépendra de la faute d'un seul homme qui, porté par des siècles de jeu politique, sera parvenu à régner en maître absolu. Dérégler l'apocalypse annoncée, tel sera dorénavant le but d'Eusébius et celui de l'Ordre du Chaos, une secte qu'il a créée, et dont la mission sera de veiller à l'équilibre du monde en influant sur six hommes de pouvoir.
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lus qu'une série, L'ordre du chaos est une suite d'albums que l'on peut lire indépendamment mais qui possèdent un fil conducteur, une trame commune. À l'instar de tous les 7 ... (7 prisonniers, 7 psychopates, etc.), chaque volume sera composé par une équipe différente. Ici sont présentés des personnages historiques et l'idée d'un équilibre entre le Bien et le Mal sur Terre. À un rouage positif, un rouage négatif lui est opposé, ou inversement. Jérôme Bosch, personnage central du premier tome, est un « contre-rouage », manipulé par les Veilleurs, afin d'éviter l'Apocalypse. Cette dernière partie de la Bible est plébiscité à la fin du Moyen Âge et le peintre hollandais ce voit commander un Jugement dernier par son Roi, Philippe le Beau. Mais depuis qu'il s'y atèle, il est sujet à des visions terribles, harcelé par des monstres et des créatures sanguinaires qui lui demandent de les tuer. Bosch se croit fou et demande de l'aide à son frère, Goossen, un adamite, qui le renvoie chez son maître. Dans le même temps, sa femme essaye de le faire rentrer dans le droit chemin chrétien en en appelant au père Johannes. S'en mêle aussi, Euzébius, une sorte de prédicateur, un Veilleur, qui explique à Bosch sa mission.
Confronté à la nébuleuse de sa conscience et le chaos qui règne autour de lui, Bosch se croit pris de folie. Cette ambiance est aussi partagé par le lecteur tant la clarté du scénario est très relative. La première partie de l'album expose la commande du peintre et les débuts de ses visions. Les cases alternent alors entre monde réel et fantasmagorie en tout genre, reprenant souvent des éléments des tableaux du maître. Ensuite, dans une « seconde partie », les auteurs abordent l'explication du rouage auquel appartient Bosch, Pourtant, cela reste obscur jusqu'à la dernière page et seuls les prochains volumes pourront peut-être lever le mystère. La mise en scène de la vie du peintre aux prises avec les tourments idéologiques de son époque, a le mérite de l'originalité, même s'il s'inscrit en marge de la vérité historique. En revanche, l'imbrication de visions bibliques, notamment de l'Apocalypse sent le réchauffé tant on ne compte plus les bandes dessinées s'en inspirant.
En dépit d'une mise en scène parfois chargée, la réalisation de Geto et la mise en couleur inspirées offrent une dimension théâtrale évidente au récit. La composition des pages est très dense et la disposition des phylactères dérangeante au point qu'on ne sait parfois pas lequel il faut lire en premier. Les perspectives ne sont pas non plus "naturelles" et certaines détails, notamment des intérieurs un peu trop propres, lisses et modernes, avec des tableaux accrochés au mur en guise de déco, laissent dubitatifs . Même pour un peintre, en ce début de XVIe, ce n'est pas courant. Le point fort est ailleurs, lorsque Geto intègre admirablement les visions de Bosch échappées de ses propres réalisations. Il ne tombe pas dans l'écueil de faire du copier/coller des retables de Hieronymus, mais s'en inspire pour créer son propre univers. La compréhension du scénario est parfois délicate, mais grâce à la plume subtile du dessinateur, la lecture reste plaisante. Il tire vraiment son épingle du jeu avec son sens du mouvement et des formes qui s'harmonisent parfaitement avec le thème.
Jérôme Bosch est un album se basant sur des faits historiques en extrapolant pour atteindre des sphères mystiques, hérétiques, apocalyptiques ou hystériques. Pour que dans la curiosité il nous pique ? Le charme n'opère que peu dans cette série qui disposent pourtant de qualités artistiques.
La preview
Les avis
Erik67
Le 24/11/2020 à 16:19:17
L'ordre du chaos est encore une de ces séries concept qui innondent actuellement le marché de la bd. En gros, chaque tome va reprendre un personnage connu dans l'Histoire qui apparaît comme un contre-rouage : Machiavel, Nostradamus, Charlotte Corday, Talleyrand ou encore Albert Einstein.
Le premier tome va débuter par le peintre Jérôme Bosch en proie à des visions diaboliques source d'inspiration de son dernier tableau commandé par le roi. Il est question d'un ordre qui doit briser l'unité à chaque fois que celle-ci se produit dans l'histoire car sinon, cela serait le prélude à une apocalypse...
Le premier tome a été fort complexe à lire. Bref, cela n'a pas été une partie de plaisir ! Pourtant, on sent bien au fond que cela en vaut peut-être la peine. Il faudra que je lise la suite qui sera indépendante mais en faisant partie d'un même ensemble cohérent. Ce chapitre n'a guère été convaincant à mes yeux car trop confus et brouillon.
Néanmoins, il m'a éclairé sur la folie de ce peintre de génie. Les auteurs ont choisi une autre voix : celle de la sombre machination à la da Vinci Code !
MINOUCH
Le 09/11/2014 à 12:02:08
Voila une idée fort originale, une série basée sur un thème accrocheur, sur fond historique, et qui se suit dans le temps avec en fond un complot universel. Tout s'annonce bien. Cependant la lecture du premier tome me montre un scénario complexe qu'il est difficile d'assimiler en première lecture. Et pourtant le scénario est audacieux ! J'ai trouvé le dessin plutôt bon, vif, fouillé. Je suis intrigué et vais lire le second tome pour me faire une idée sur la série prometteuse
BIBI37
Le 19/02/2012 à 18:24:54
Un excellent premier tome d'une nouvelle série fantastico-historique.
Malgré des dessins un ton au dessous du scénario on est très vite embarqué dans cette histoire qui ré-invente la grande "histoire".
A la limite de la BD d'horreur on en redemande.
7/10.
DixSept
Le 30/05/2011 à 22:02:38
De l’uniformité du Monde naîtra le chaos ! Le Bien ou le Mal ne peuvent donc triompher et pour préserver ce fragile équilibre, les « Veilleurs » traversent les siècles en se jouant des hommes (et des femmes !) : Jérôme Bosch sera leur 1er instrument !
Cette nouvelle série de Delcourt surfe allègrement sur l’engouement actuel pour le mystique et l’ésotérique. .. Malraux l’avait dit « Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas ! ».
Si le concept de base peut permettre des développements intéressants, le choix de l’Europe en ce début du XVIème siècle est pour le moins étrange ! Jules César, Alexandre Le Grand et bien d’autres furent à la tête d’empires bien plus vastes et unifiés que ce pauvre Philippe le Beau qui ne régna que sur les Pays-Bas et la Castille… Mais ce qui importe, ce n’est pas le rouage mais le contre-rouage (!) : en l’occurrence Jérôme Bosch. Dès lors, il convient d’admettre que Damien Perez et Sophie Ricaume savent parfaitement exploiter l’œuvre du peintre et leur scénario distille progressivement et sans circonvolutions excessives le fil d’une intrigue fort bien montée. Parallèlement, il convient (également) de saluer la manière dont la trajectoire des différents personnages donne toute sa densité et son intérêt à l’album. Au départ, il y a l’histoire (a priori simple) d’un homme sombrant progressivement dans la folie que lui procure son art. Mais, au fil des planches, il apparait comme l’instrument d’un destin qui le dépasse. Ce qui était folie devient sombre machination où tout à chacun se révéle fort différent de ce que d’aucuns auraient pu croire…
Si le choix de l’époque est discutable, le scénario ne l’est pas et traduit d’une vraie maîtrise tant sur le fond que sur la forme (même si deux ou trois choses posent toutefois question).
Une mention toute particulière à Geto dont le trait (sombre et torturé), la précision et l’imagination graphique servent parfaitement l’histoire. Là réside la principale qualité de ce 1er opus… car il aurait été dommage qu’un album s’appuyant si fortement sur l’une des œuvres majeures de Bosch ne soit pas graphiquement à la hauteur. Tel n’est pas le cas et il convient de noter la performance. L’inventivité des auteur(e)s sait faire écho à la complexité et à la richesse du tableau du maître.
La trame de la série étant désormais posée, il sera intéressant de voir en quoi Machiavel ou Charlotte Corday … constituent des « contre-rouages » !
La suite de la série est donc attendue avec impatience !
anand
Le 27/05/2011 à 13:27:52
Une nouvelle série prometteuse, si l'on en juge par ce premier volume.
Des dessins et de couleurs sublimes, notamment les peintures du personnage principale de ce premier tome.
Un scénario bien ficelé, et qui apporte un regard nouveau dans un genre qui en a bien besoin (La mode des oeuvres traitant de complots millénaire sont si nombreuses aujourd'hui, et ceux aussi via d'autre média comme les séries tv par exemple, qu'il est important de souligner quand l'une d'entre elle fait preuve de qualité).
Une oeuvre à la fois violente, intrigante et poétique, à découvrir, en espérant que la suite soit de qualité similaire.
8/10.