L
e week-end s’achève déjà et comme chaque lundi (Comme un lundi...), il s’agit de composer avec les collègues, la hiérarchie pesante, les lâchetés du quotidien, les rancœurs et les petites trahisons. Dans Business Circus, James s’attache aux premiers pas d’Hubert, stagiaire multirécidiviste, dans une entreprise de lingerie, une de plus sur un CV long comme le bras. On l’accompagne, un instant, au gré des bureaux, au fil des rencontres, le temps d’une pause à la machine à café, à la photocopieuse ou d’une réunion du comité de direction. Evidemment, c’est l’occasion de croiser les figures imposées de la faune locale : financier jargonnant, chef de vente « beaufisant », en passant par l’anarcho-syndicaliste jouant les insiders, la secrétaire-potiche ou le PDG faussement moderne peinant à réprimer ses élans paternalistes.
Après s’être épanché avec vigueur, justesse et autodérision sur le petit monde de la bande dessinée (Les mauvaises humeurs de James et la Tête X), on attendait de l’auteur une charge bien sentie à l’encontre des thuriféraires du « travailler plus pour gagner plus », une pierre dans le jardin du Medef. Las ! C’est un James peu inspiré qui inaugure ce premier épisode de la série Dans mon open space. A croire qu’une malédiction pèse sur la bande dessinée d’humour thématique dès lors qu’elle s’attache à dénoncer les travers de l’entreprise (Dilbert, Le guide de la survie en entreprise, Caméra Café...). Chaque planche donne lieu à une scène-gag, décomposée en une dizaine de cases, selon un gaufrier immuable, où l’humour est prévisible, les personnages attendus et les décors caricaturaux. James paraît engoncé, gêné aux entournures, comme si le format de l’album – le fameux 48 CC tant décrié par JC Menu et nombre d'auteurs indépendants – l’empêchait de dégager la poésie, la sensibilité, ce mélange de lucidité et de naïveté touchante caractérisant à l’accoutumée ses travaux.
Le traitement du petit milieu de l’entreprise méritait plus de mordant, voire un sous-bassement politique et sociologique un peu plus transgressif que cette satire convenue et superficielle. Les clichés sont à peine évités et si l’on suit les pérégrinations d’Hubert sans déplaisir, l’album le doit sans doute à son agréable et expressif graphisme animalier.
Les avis
JAMES RED
Le 02/07/2025 à 20:58:42
Voilà un album sympa (même si on est loin du chef d’œuvre…) paru chez Dargaud dans la collection Poisson Pilote ; ce qui est en général un signe de qualité -encore que les dernières productions m’aient laissé un goût d’inachevé-. James s’intéresse donc à la vie d’un bureau ouvert (open space) dans une entreprise spécialisée dans le textile. L’auteur utilise le style animalier, dans le genre Trondheim, pour décrire les différents employés. On y découvre quelques caricatures : la jeune cadre dynamique mais célibataire, l’ingénieur système proche du geek, le stagiaire qui multiplie les stages, le patron qui tutoie ses employés mais qui a les mêmes théories que le Medef…
Bon, je n’ai pas souvent ri. C’est amusant, mais sans plus… Peut-être ne suis-je pas non plus le public cible… Il est évident que quelqu’un qui bosse dans ce genre de boîte sera plus réceptif aux situations proposées… Ca ressemble à la série caméra café, le cynisme en moins… Et en fin de compte, je me demande bien ce que cette série vient faire dans la collection Poisson Pilote qui nous avait habitués à mieux. Finalement, on peut se demander si "Dans mon open space" ne conviendrait pas mieux au catalogue de la maison Bamboo…
yaglourt
Le 09/06/2009 à 10:50:21
Une série légère et un peu vaine sur le thème de l'entreprise.
Un peu vaine car le sujet a déjà été défriché en long et en large depuis 15 ans par Dilbert (et en 10 fois mieux).
Cela dit le dessin animalier est très sympa.
poang
Le 23/06/2008 à 17:43:04
Terriblement réaliste, on se croirait au boulot !!!!
A peine caricaturé, l'humour grincant de cette bd raconte les relations entre collègues de travail, leurs habitudes et comportements, indispensable pour survivre dans le monde du travail !
Les situations-anecdotes se succedent et visent toujours juste.
Un plaisir à découvrir si l'on connais ou si l'on est amene a connaitre la vie des "nouvelles entreprise"
foux
Le 21/05/2008 à 12:53:58
Cette BD nous offre une vision malines et pleine d'humour du petit monde des grandes entreprises.
On rit de bon cœur de cette succession de gags légers entre caricature, jeu de situation et humour absurde (le vieux de 50 ans du placard).
On s'amuse d'autant plus que le trait de James est particulièrement incisif et tout en finesse.
D'ailleurs, "l'animalisation" des personnages en fonction de leurs rôles et caractères renforce bien la narration.