L
e soleil disparaît derrière l’horizon, le soir arrive. Il est temps de rentrer chez soi après une journée de travail. Tout se passe comme hier et, certainement, demain sera identique. Une routine lentement toxique quand on est « coincé » dans une famille qui se délite ou, pire, que personne ne vous attend plus. Seul avec soi-même, il faut alors faire face à ses peurs, les réelles et les imaginaires.
Recueil de récits tirés du comic Uptight, L’ombre de la nuit ne se limite pas à une sombre peinture sociale de l’Amérique. Même si celle-ci est toujours sous-jacente, Jordan Crane se fait un plaisir d’élargir sa palette et de varier les styles et les genres. Un peu de thriller gore, un soupçon de fantastique et même de la SF à grand spectacle, toutes les manières sont bonnes pour raconter des histoires.
Aigres-douces, parfois cruelles et même expérimentales, voire purement poétiques, ces nouvelles ont toute en commun une attention spéciale pour l’être humain. Oh, pas des héros à la cuirasse étincelante, non, juste des individus qui essayent très fort de mener leur vie. Ado en ayant gros sur la patate, grand-père usé de devoir encore travailler pour gagner sa croûte, mécano dont la vie de couple se grippe et mineurs spatiaux en fin de mission, malgré leurs diversités les scénarios restent ancrés dans le concret.
Caché derrière ses pinceaux, l’auteur décrit simplement le monde qui l’entoure et, sans doute, beaucoup de lui-même. Au final, L’ombre de la nuit se révèle être une lecture agréable, parfois dérangeante, mais constamment surprenante et finement réalisée.