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lot est une ville catalane située à une centaine de kilomètres de Barcelone. Détruite par deux fois lors de tremblements de terre, elle est entourée de volcans endormis et compte aujourd’hui près de quarante mille habitants. Malgré une histoire bien fournie - elle a été la capitale de la Catalogne pour un temps au XIXe siècle - c’est une petite localité tranquille comme il en existe tant à travers la péninsule ibérique. Enfin, en apparence seulement…
C’est un étrange concours de circonstances qui a mené Jorge Alderete, un artiste patagon résident à Mexico, au pied des Pyrénées. Selon la rumeur, les Moaïs de Rapa Nui (l’Île de Pâques) et un intérêt pour les phénomènes inexpliqués (Twin Peaks et X-Files sont aussi à blâmer), ainsi que la cumbia péruvienne psychédélique auraient tous joué un rôle, à un moment ou un autre. Avec des prémices si variées, il était donc normal qu’Olot surprenne et déconcerte. C’est le cas.
Présenté comme une novela, l’album ressemble plutôt à un recueil de nouvelles, reliées par un personnage appelé à répéter des variations d’une même scène année après année. Cette boucle narrative est entrecoupée par une série de faits divers tirés des annales de la cité. Le tout baigne dans une ambiance à la Charles Burns (Black Hole) arrangée façon Rod Serling (La quatrième dimension). Heureusement, cette construction un peu bringuebalante se révèle rapidement efficace et adaptée. Les anecdotes réelles et le fantastique se répondent et se nourrissent dans un jeu de ping-pong insensé et incessant.
Visuellement, le dessinateur n’a pas oublié qu’il était un illustrateur avant tout. Les cadrages sont léchés et la lisibilité de chaque case est impeccable. De plus, à l’image du scénario, les influences (gros trait de la Ligne claire, volutes psychédéliques et trames seventies) s’entrecroisent et se confondent. La forme embrasse le propos, la cohésion est totale et rend la lecture hypnotique.
Curiosité à tous les points de vue, Olot est une œuvre inclassable et décalée aussi riche que mystérieuse.