Résumé: Un jeune homme sans nom, mutique et immobile regarde depuis la terrasse d'un café le quartier dans lequel il vit. C'est cela sa vie, regarder les gens vivre, les écouter même parfois; se demander où ils vont et pourquoi ils courent comme ça. Lui s'est retiré de tout : à quoi bon aller et venir si c'est pour toujours revenir au même point ? Il épuise ses journées devant ce café, observant le va et vient d'un tramway qui avale ou recrache à heures fixes un nouveau flot de gens. Mais jour, son quotidien se retrouve boulversé : Un paquet déposé à une mauvaise adresse, la rencontre d'une jeune femme en fuite, et puis soudain une envie, celle de se lever, de marcher, et de vivre.
L
ui, c'est le gars qui, matin après matin, est là, assis sur un perron à ne rien faire. Le soir, lorsque vous rentrez du boulot, il est toujours là, sur un banc cette fois. C'est une vague présence, un détail dans le paysage urbain. Le jour où il ne sera pas à sa place, il vous manquera, même si vous ignorez tout de lui.
Après l'anticipation à la Mad Max (Bang !) et des adaptations littéraires tirées du répertoire classique (Au cœur des ténèbres, Le joueur), Loïc Godart change encore son fusil d'épaule et propose une chronique sociale avec L'oiseau chante comme le lui permet son bec. Cet album faussement intimiste suit principalement un personnage-narrateur – son nom n'est jamais mentionné – dans sa quête existentielle. Autour de ce jeune homme un peu à la dérive, c'est également tout un quartier - celui de la Guillotine à Lyon - qui est conté. Grâce à une construction narrative parfaitement au point, les différents niveaux de lecture s'enchâssent, se répondent et, surtout, se complètent.
Ancrée dans son époque, l'intrigue, surprenant mélange de tendresse à la Étienne Davodeau et de gravité à la Christophe Chabouté, relevé d'une once de cynisme à la Warren Ellis, montre une image sans fard de la vie moderne. La violence gratuite, l'isolement et l'aliénation du cycle métro-boulot-dodo s'additionnent dans une spirale sans fin. Heureusement, celle-ci est contrebalancée par quelques gestes d'amitié ou signes de respect. Oui, il y a de l'espoir ! Le constat est néanmoins sombre – le style réaliste taillé à la hache, les giclées d'encre noire et la bichromie y sont pour beaucoup -, mais il se révèle profondément juste et lucide.
Lecture glauque et nihiliste ? Non. À force d'épreuves (et de nombreux horions), le protagoniste principal arrive à se faufiler et à trouver un semblant de sens à son existence. Atypique et original, L'oiseau chante comme le lui permet son bec permet de découvrir une nouvelle facette du talent de Loïc Godart.
Les avis
Bourbix
Le 29/08/2014 à 16:06:01
Un album qui perd rapidement le lecteur dans des considérations vaguement psychologiques au détriment d'un vrai fil narratif. Le choix de la colorisation est également particulier et selon moi pas toujours adapté au récit. Bref, un album un peu fade pour moi.