Résumé: Chloé, Agnès et Leila ont grandi. Leila a perdu sa mère, et l’arrivée dans le foyer familial de Soraya, la deuxième épouse de son père, perturbe ses sentiments. Agnès, en butte à l’indifférence de ses parents, se réfugie peu à peu dans la révolte et la fugue. Chloé, en revanche, s’épanouit un peu plus chaque jour dans la danse et le bonheur d’une mère aimante.
Les premières règles, les premiers émois, les premiers rapports sexuels, les premiers chagrins : la vie chahutée de trois amies qui s’éveillent à l’amour…
L
es trois amies ont maintenant 12 ans, l'âge de la fin de l'enfance et souvent celui de la perte de l'innocence. Tandis que Chloé poursuit un parcours brillant dans son école de danse, Leila est plus assidue que jamais au collège et Agnès se rebelle de plus en plus violemment contre ses parents. Le passage à l'âge adulte n'est pas facile, mais les jeunes filles restent toujours soudées dans les épreuves.
Le ton de cette deuxième partie apparaît beaucoup plus dur que dans l'opus précédent, les héroïnes et leur entourage ne sont pas épargnés par la dureté de la vie et des relations humaines. Leila souffre de l'absence de sa mère et du racisme, Chloé se découvre un père qu'elle rejette et dans sa quête d'affirmation, Agnès se fait manipuler et sombre inexorablement. Cependant, chacune de leurs rencontres, souvent masculines il faut bien le dire, enrichit leur existence et les aide à grandir.
Si les rapports filles/garçons et filles/mères ne donnent pas dans l'originalité, les sentiments exprimés, universels, sont très bien rendus, qu'il s'agisse de complicité ou de rejet, voire de la découverte d'une nouvelle mère. Le sentiment de solitude face au monde et l'envie de devenir autonome dans ses propres choix sont dépeints avec un soin particulier. L'impuissance des parents et leur combat quotidien face à ces femmes en devenir ne sont pas effacés et sont des données inévitables d'un tel récit.
Le graphisme délicat et coloré souligne l'attachement des auteurs pour leurs personnages et offre des cases d'une grande beauté. Lumières et ombres subliment à l'occasion l'apprentissage de la vie des fillettes, comme la lampe trop vive accompagnant les premiers ébats d'Agnès ou l'obscurité de la voiture enveloppant une Chloé perturbée par la découverte de son géniteur.
Sophie Michel n'épargne aucune douleur à ses jeunes protagonistes, mais il ressort une grande pudeur de son œuvre, accompagnée par la délicatesse du dessin d'Emmanuel Lepage. A la fois dure et belle, Oh les filles est l'histoire de trois adolescences comme peuvent la vivre toutes les jeunes filles, vue au travers d'un regard plein d'affection qui entraîne le lecteur dans le spectacle tourbillonnant de ces destinées.
Les avis
Nips
Le 20/12/2011 à 14:08:59
Histoire fine, qui prend le temps de bien s'installer (grâce à un nombre de page conséquent) . L'histoire est toute en sensibilité sans être facile. M^me finesse du coté de la présentation des différenciations sociales: les filles appartiennent à des univers sociaux différents, mais, la description évite l’excès de caricature.
Seuls les parents le sont un peu (caricaturaux)
Hugui
Le 28/06/2009 à 16:58:40
L'histoire de ces trois petites filles devenues adolescentes (une beur, une fille de riche,et une classe moyenne) monte en émotion avec cette deuxième partie qui les voit construire leur destin en affrontant les réalités du passage à l'âge adulte. Les observations du scénario sont très justes et réalistes, ce qui fait que ces péripéties croisées somme toute ordinaire nous touchent.
Le dessin de Lepage est toujours très beau, mais l'ambiance urbaine et les scènes d'intérieur le mettent moins en valeur. J'ai quelquefois du mal à reconnaître qui est qui entre les deux blondes et leurs mères.
Un très bel album malgré tout.