Résumé: Ils sont trop vieux pour ces conneries...2050. La France, gouvernée par Mohamed-Maréchal Le Pen, est devenue un régime totalitaire où les valeurs du Gaullisme ont été poussées à l'extrême, rendant l'euthanasie obligatoire pour les plus de 80 ans en fin de droit. Radié de la sécu pour avoir été contrôlé positif à la nicotine et promis à la sentence administrative, Stéphane Legoadec n'a d'autre choix que de prendre la fuite en compagnie de sa femme Nadège. Sans ressource, ils trouvent refuge auprès des Néo-ruraux, une communauté en marge où les octogénaires en exil ont organisé leur retraite. Mais selon une contrepartie de taille : ne peuvent rester que ceux qui se distinguent lors de véritables affrontements de gladiateurs. À mains nues, avec ou sans dentier (de protection) ou en fauteuil roulant de combat, pour gagner, tous les coups sont permis. Même s'il vaut mieux viser les prothèses...Entre Les Vieux fourneaux et Last Man, Nicolas Juncker et Chico Pacheco nous livrent une fresque d'anticipation sociétale corrosive et jubilatoire sur le quatrième âge. Mais si ses protagonistes ne sont plus de première jeunesse, Octofight se veut une saga moderne, caractérisée par des ouvrages à forte pagination, en noir et blanc, une narration hybride entre l'efficacité du manga et l'expressivité de la BD franco-belge et un rythme de parution soutenu puisque la trilogie paraitra en moins d'un an ! Préparez-vous à un « page-turner » dont le rythme effréné va secouer vos rhumatismes et où déambulateurs, humour noir et baston sont au rendez-vous !
E
n ces années 2050, la politique instaurée par le gouvernement d'extrême-droite est intransigeante et démesurée. Il a décrété, entre autres, de ne plus s'embarrasser avec des citoyens à majorité vieillissants qui lu sont devenus beaucoup trop onéreux. Âgé de 82 ans, les résultats des dernières prises de sang de Stephane Legoadec sont mauvais. Par conséquent, et conformément à la loi, ses droits vont être automatiquement supprimés, puis, une fois que sa succession sera finalisée, il sera ensuite euthanasié. Sauf que passer de vie à trépas ne fait pas partie des plans de l'octogénaire.
Quel pourrait être la photographie du paysage français désormais dirigé par une mouvance radicale ? Posée, la question est analysée avec les idées brutales, corrosives et impitoyables de Nicolas Juncker. Prétextant que la démographie est à forte proportion vieillissante, l'auteur d'Immergés et de Fouché prend une position prononcée en livrant une approche futuriste des choses et des événements qui en découlent. Le ratio entre la population active et les retraités est dorénavant déséquilibré. Impacté, le système de sécurité sociale ne peut plus faire front. La prise en charge des soins de santé apportés aux personnes âgées ne peut plus être envisagée. Le remède imposé par le régime est tyrannique et violent, prescrivant l'élimination des vieux, ni plus ni moins. Ainsi, pour fuir une sentence légalisée, deux aïeux s'embarquent dans un tourbillon de rencontres extravagantes, de situations stressantes et de multiples rebondissements à la fois émouvants et burlesques. Car, derrière un propos qui se veut très engagé et un développement qui apparaîtra aussi truculent que démesuré, se dissimulent la pertinence et la réflexion à laquelle nul ne pourra se soustraire.
Et soudain, Chico Pacheco (Trop mortel, Un jour sans Jésus) entre en scène. Pointu, son coup de crayon présente l'avantage d'être admirablement éclectique. Grâce à sa large et surprenante palette technique, il parvient à réaliser les trois principales formes de graphisme. Au-delà de son fort tempérament à connotation francophone, les mouvements du trait dans les scènes de querelles et de bastons apportent une touche manga. Quelques publicités vintage et nombre de cadrages variés viendront rappeler le style comics. Du noir et du blanc, en passant par les différents gris, suffiront amplement pour régaler et illustrer cette comédie satirique d'anticipation sociale prévue en trois tomes.
Scénario grinçant comme l'arthrose, dessin aussi hargneux qu'un caractère bien trempé, Ô vieillesse ennemie, apporte un gros coup de jeune au genre, et surtout, de quoi faire un délicieux quatre heures.