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es brevets classés sensibles ont été dérobés par une employée des laboratoires Van Güllick. Le riche industriel éponyme, celui que les médias surnomment "Dieu", fait appel à un détective privé aussi anonyme que lui-même est célèbre. Sans doute parce que cette affaire nécessite la plus grande discrétion ?
Les lecteurs du magazine Ferraille Illustré, peut-être déstabilisés par les pages relativement hermétiques que Blexbolex y signait, seront rassurés de savoir que cet auteur est également capable de composer « une vraie histoire ». Et avec quelle facilité ! Réparties définitives et argot tellement fleuri qu'il en devient littéraire, durs à cuire au tempérament d'acier, mais incapables de comprendre que dans "femme fatale", il n'y a pas seulement "femme"... sont au rendez-vous d'un polar dans le style des années 1950 ; avec quelques éléments de science-fiction pour corser le dossier. Comme dans Blake et Mortimer ? Heuh ! Oui, mais avec un langage graphique très, très différent.
La forme est particulièrement originale : le récit est séquencé en chapitres numérotés de quatre pages chacun, différenciés par l'utilisation de couleurs posées en aplats (Blexbolex est sérigraphe de formation) qui changent d'un chapitre à l'autre. Cela provoque la sensation de parcourir un feuilleton distribué dans la rue, à la criée. A cela s'ajoute une esthétique très "rétro", contredite par un sens aigu de la mise en scène et de la mise en page qui font souvent preuve d'une grande audace.
L'œil privé faisait partie des "50 indispensables d'Angoulême 2007". On ne peut que donner raison au jury de sélection !