Résumé: Trois ans après Les Monstres aux pieds d'argile, Les Nuits rouges du théâtre d'épouvante pose un nouveau jalon dans l'univers d'Alexandre Kha. Il retrace cette fois-ci l'histoire funeste de la troupe de comédiens d'un théâtre délaissé où, peu à peu, les cauchemars imaginaires de leur spectacle macabre prennent le pas sur la réalité. Les cinq chapitres constituent autant d'histoires secondaires, tel un roman-feuilleton, et évoquent les personnages étranges qui peuplent ces nuits rouges : un épouvantail misanthrope, persécuté par les corbeaux, un Casanova au visage vitriolé, un jeune étudiant décapité mais bavard, un loup-garou aguicheur et lunatique, de vrais et faux zombies, sans oublier Elena, jeune femme d'Europe de l'Est engagée dans ce théâtre pour sa faculté à exprimer la peur, sous le joug d'un metteur en scène tyrannique. Ici, le dérisoire côtoie le tragique. Le morbide se teinte d'érotisme. Les nuits sont rouges mais le sang plutôt noir.
A
u théâtre d’épouvante, les spectateurs ont la certitude de quitter la salle terrorisés. La troupe hétéroclite du lieu rassemble des figures emblématiques de l’horreur sous la houlette d’un metteur en scène tyrannique, jamais en manque d’inspiration lorsqu’il s’agit de terrifier son public. Elena, une jeune beauté de l'Est à la peau diaphane va trouver refuge dans cet endroit à l’atmosphère sulfureuse.
Le travail d’Alexandre Kha se démarque par son originalité et sa fraîcheur. À la manière d’un roman feuilleton, il expose les vies des différents protagonistes. De l’épouvantail rageur au loup-garou jaloux, en passant par l’homme sans tête, l’auteur évoque les péripéties burlesques qui ont conduit ces personnages à échouer dans ce lieu délaissé.
Cet univers macabre et guignolesque parsemé de références ne manque pas de charme. L'ensemble évoque, entre autres, l’univers tragico-poétique de Tim Burton aussi bien que les classiques du cinéma d’épouvante, le Grand-Guignol ou encore les œuvres anxiogènes du peintre norvégien Edvard Munch. Le dessin, dans un style faussement enfantin, et la colorisation en dégradés de rouge et de noir servent parfaitement un récit teinté d’humour et doté d’un indéniable souffle poétique.
Les nuits rouges du théâtre de l’épouvante constitue au final une bande dessinée au style très personnel qui devrait plaire à tous les amateurs du genre horrifique, mais aussi séduire les lecteurs qui aiment sortir des sentiers battus.
Les avis
Pulp_Sirius
Le 18/07/2021 à 14:38:46
Waouh! Je découvre Alexandre Kha avec cet album et je cours de ce pas me trouver ses autres BD!
Bon, pour le dessin, ce ne sera pas la tasse de thé de tout le monde, mais je trouve que ça colle bien à l'histoire d'horreur qui nous est présentée ici. Simple, mais efficace. Mais ce sont surtout les couleurs qui donnent le ton! En noir et rouge, avec leurs dégradés, nous sommes vraiment plongés dans un univers froid, urbain mais dirait-on sans vie, un monde où le bien-être semble ne pas exister.
Parfait alors, pour l'histoire à la fois terrifiante, voire choquante, et poétique sur les bords que nous propose son auteur. Pourtant, au départ, après avoir lu les 15-20 premières pages, je trouvais ça plutôt nul comme histoire. Un épouvantail qui prend soudainement vie tue son propriétaire et part à la recherche de travail en ville avec son ancienne amante, mais les corbeaux qui ne cessent de les suivre leur rendent la vie difficile...
Mouais. Mais au fur et à mesure que l'histoire avance, les personnages s'enrichissent et de nouveaux personnages surgissent -- il devient soudainement très difficile de poser cette BD qui ne cesse de captiver et de surprendre.
D'un propriétaire de théâtre qui emploie les mal-aimés pour monter une pièce d'épouvante, à notre héroïne sans-papiers qui s'éprend de tout le monde, en passant par un défiguré qui se cache le visage, mais qui va espionner des femmes le soir en grimpant sur les toits, jusqu'au loup-garou possessif et jaloux, la table de l'inattendu et du rocambolesque est mise.
L'inventivité du scénario et la qualité des textes, qui mêlent une sorte de flair romantique à l'horreur dont s'imprègne le récit, sont impressionnantes. Je recommande très fortement cette histoire à quiconque cherche à lire quelque chose d'à la fois différent et détonnant.