B
landine et Fred, la trentaine, organisent une petite fête. Dans l’appartement, fébrilité et intimité prévalent dans ces instants qui précèdent l’arrivée des invités. Puis le défilé commence, et le calme de laisser place à ces moments d’oubli où les corps se déhanchent sur des rythmes syncopés, les discussions se font et se défont et où les verres s’enchaînent. Presque imperceptible, une certaine pesanteur plane sur cette soirée…
Unité de temps et de lieu, une mise en scène aux airs de Cuisine et dépendances du duo Jaoui/Bacri et des protagonistes engagés pour un chassé-croisé de quelques heures où il se passe tant et si peu. Ainsi se tournent les pages, avec cette impression que le contenu manque de consistance, malgré une atmosphère pesante qui ne peut être tout à fait anodine.
Intelligemment mené le récit arrive à son terme et, d’une phrase, remet en cause la première lecture. Coup de chapeau pour cette surprise narrative. Il est cependant possible de regretter que l’ensemble ne soit pas plus centré sur cet essai. Certes la relecture offre quelques menus plaisirs à déceler ces signes passés inaperçus au premier regard, mais cette sensation attrayante reste diluée dans un trop plein de faits secondaires. Et cela, quand bien même ces derniers permettent de pointer du doigt, de manière plutôt bien vue, certains comportements. Mais il aurait sans doute été intéressant de respecter la troisième règle du théâtre classique, à savoir l’unité d’action, en articulant davantage l'ensemble autour de ces petits riens lourds de sens. Comme si les auteurs n’étaient pas allés au bout de leur démarche.
L’ensemble en ressort ponctué de quelques longueurs, d’autant que les dialogues n’ont pas l’acuité de ceux qui font le sel du film cité précédemment. Certains enchaînements manquent de fluidité, grippés par des défauts de cadrage et des imperfections quant au placement des personnages. Le dessin, trop neutre, manque d’expressivité et ne parvient pas à donner une dimension supplémentaire à cette histoire, un peu terne, à l’image de la mise en couleur.
Et c’est là tout le paradoxe de La nuit des cendres : un scénario habile, mais qui peine à transcender la banalité de son fond.
Les avis
Erik67
Le 03/09/2021 à 19:14:04
Je commence à être habitué à ce genre d'histoires quand des individus se retrouvent à l'occasion d'une fête pour évoquer les petits secrets de leur vie. Encore faut-il que cela soit réellement passionnant.
Or, ici, il est question d'aller fumer sur le balcon toutes les cinq minutes pour se dire des banalités qui n'ont pas vraiment d'importance. Il est clair qu'en fin de soirée, on retrouvera les mégots sur le trottoir et qu'on pourra se rappeler de cette nuit mémorable qu'on surnomma la nuit des cendres. Ouah : comme c'est profondément vide !
Bon, désolé les gars, je ne suis pas fumeur ! Et ni preneur de ce one-shot sympa mais sans substance.