Résumé: Italie, plaine du Pô, aujourd’hui. Bruno vit seul. Il est gardien de péage du pont. Son obsession : « rester dans le tracé », ne pas faire de vague, être invisible…
Bruno rend régulièrement visite à Maria et l’aide à vider la cabane au bord du fleuve. Depuis la mort de son mari, Maria vit seule avec son chien. Il y a une odeur réconfortante dans sa maison. Une odeur de choses immobiles. La fille de Maria, elle, veut la convaincre d’emménager près d’elle, en ville. C’est dangereux sa maison isolée. Il y a de plus en plus de cambriolages, sans parler des trafics sur le fleuve qui ne cessent d’augmenter. On dit que c’est la faute aux étrangers. Ils squattent de vieilles fermes abandonnées. Ça tourne à l’invasion, on dit cela.
Anton, lui, est en Italie depuis 9 mois. Il vit d’expédients et de petits boulots sur les chantiers. Au noir. Un jour il se casse la jambe en tombant d’un échafaudage. Pas question d’hôpital pour les patrons. Il est embarqué dans un refuge, où on le soigne quand même, discrètement. Mais Anton s’enfuit et pique la caisse. Il se réfugie dans la cabane de Maria…
Q
uelque part dans le Nord de l'Italie... Bruno vide la cabane de Renato, à la demande de sa veuve Maria. Anton, un immigré moldave, tente de gagner de quoi s'installer en bossant au noir, sur des chantiers. Deux êtres totalement opposés mais pas si différents au final, que le destin va amener à se croiser.
Piero Macola s'émancipe de son complice Alain Bujak avec qui il avait publié Le Tirailleur et Kérosène, pour proposer sa première œuvre en tant qu'auteur complet. L'Italien s'inscrit dans l'actualité en prenant un migrant pour un de ses protagonistes. Le mettant en parallèle avec un éclusier du sérail à l'existence discrète et routinière, l'auteur va dresser un portrait réaliste, plein de justesse de ceux que beaucoup rejettent. Avec son dessin léger, au crayon, l'artiste prend son temps pour composer un récit tout en ambiance, où les silences valent autant que des phylactères denses.
Amenant ces deux trajectoires de vie à se rejoindre, il brosse une peinture saisissante du quotidien des travailleurs clandestins, que le vide de l'existence et l'indifférence des petites gens fait résonner. D'un côté, le peu de perspectives, de l'autre le peu de solutions d'amélioration. Et tandis que les uns rêvent d'un ailleurs meilleur, les autres vivent dans un présent sans avenir, ni débouchés.
Sans démonstration outrancière, les planches se lisent, évoquent ou émerveillent. L'opposition entre la beauté des paysages et le calme des décors et la force des sentiments et la dureté des circonstances sont saisissantes. La peur de l'autre, la méfiance, tous ces sentiments qui naissent avec la crainte se font jour et irradient cette histoire simple et puissante à la fois.
Avec ces Nuisibles, Piero Macola raconte par le ressenti la résignation des populations devant la situation et son inertie. Avec douceur mais surtout avec talent, il offre une peinture marquante de la réalité d'un malaise bien souvent tu.
Les avis
la9emebulle
Le 04/03/2019 à 07:49:47
Que dire que le dessin est chouette et bien maîtrisé, l'histoire quand à elle peut être intéressante mais j'ai une impression de survole et jamais me poser.
Donc difficile de m'attacher aux personnages et c'est là qu'il manque quelque chose.