L
e jour de son anniversaire de mariage, un magnat de la presse reste dans son bureau. Il a appelé sa femme pour lui annoncer qu'il ne rentrerait pas, prétextant une surcharge de travail. Son empire bat de l'aile et sa vie de couple ne vaut pas mieux.
Le même soir, dans les rues sombres de Londres, Hayley, une droguée, cherche désespérément de l'aide afin de rembourser ses dettes et tourner la page de la came.
Les Noyés a des allures depolar qui paraît simple au premier abord. Un psychologue va utiliser une jeune droguée qu'il reçoit régulièrement en consultation pour venger la mort d'une autre de ses patientes. La jeune Hayley a bien d'autres problèmes à résoudre pour se rendre compte qu'elle va être manipulée car sa priorité est de sortir d'une spirale et d'un milieu sordides. Mais une fois que l'on a mis le doigt dans l'engrenage de la drogue, le plus difficile n'est pas forcément d'arrêter, mais également de couper les ponts avec ses fournisseurs. Mais au-delà de cette vengeance, Nabiel Kanan (Fille perdue, Birthday Riots) explore en profondeur la personnalité de ses personnages, n'hésitant pas à les mettre à nu. Ils apparaissent avec leurs défauts et plus encore avec leurs peurs. Chacun a quelque chose à se reprocher et est, de près ou de loin, concerné par différents meurtres. Chacun a sa manière doit faire face à ses propres démons. L'auteur n'hésite pas à utiliser une violence explicite et véhémente pour décrire les rapports entre les différents acteurs d'une pièce macabre qui se révèle progressivement.
Kanan renforce son récit par des cadrages serrés : la plupart des cases contiennent les personnages en gros plans ou en bustes. Il joue également sur le contraste entre la finesse de son trait qui confère à ses visages une certaine innocence et les aplats noirs qui rappellent bien que l'intrigue qui se déroule est un polar noir. Le récit manque par moment de rythme en raison des longs dialogues qui jalonnent l'histoire.
Avec Les Noyés, Nabiel Kanan montre une nouvelle facette de son talent en réalisant un polar bien construit où l'intrigue est reléguée au second plan pour mieux mettre en valeur la psychologie des personnages. Une évolution pour un auteur qui met toute sa sensibilité au service de son récit.
Les avis
Erik67
Le 03/09/2021 à 21:10:03
Ce récit s'ouvre avec une multitude de personnages qui vont vivre des épreuves. Nous avons tout d'abord un magnat de la presse qui reste enfermé dans le haut de sa tour afin de fuir sa femme obsédée par le fric et le luxe. Nous avons également une jeune droguée qui vient rechercher de l'aide auprès de sa soeur (ou devrais-je dire des médicaments substituts). Et enfin un psychologue un peu dérangé qui n'hésite pas à prendre un bain de minuit dans la Tamise.
Toutes ces histoires personnelles vont se rejoindre dans une trame principale qu'on aura pas de mal à imaginer : encore la vengeance ! C'est franchement un peu macabre par moment.
Je n'ai pas vraiment aimé le déroulement de cette histoire. Il y a des passages tellement chargés qui succèdent à d'autres plus flegmatiques. Un thriller dramatique qui pourra plaire ou pas...
herve26
Le 13/11/2016 à 13:39:34
Après le remarquable The Birthday Riots, Nabiel Kanan continue, avec "Drawners" (les noyés) son constat amer sur la société.
Le regard désabusé de l'auteur sur le monde politique, se porte à présent sur la sphère économique.
J'ai eu, je l'avoue, un peu de mal à rentrer dans le récit, tant les personnages s'entrecroisent sans pour autant découvrir au début, tout du moins, un vrai fil conducteur. (Car qu'y a t-il de commun entre un magnat de la finance, un couple sans histoire et un toubib ?)
Pourtant, de ces personnages torturés et complexes, aucun n'échappe au couperet du remord et de la souffrance. Nabiel Kanan porte un regard froid et lucide sur les désillusions des hommes, thème qu'il avait déjà développé dans son précédent album.
Un album noir, scénario réglé comme une horloge (malgré quelques facilités – lorsque Havley, armée, retrouve trop vite son dealer-), le tout relevé par un dessin en noir et blanc sobre et beau.
Hugui
Le 24/02/2012 à 19:07:11
Un polar psychologique pas mal foutu où des personnages d'un monde différent se croisent pour leur malheur et où les manipulateurs des paumés ont du mal à maîtriser leur sujet.
Et comme le dessin est carré et très lisible, cela fait au total une lecture qui se tient mais qui je pense ne me laissera pas des souvenirs impérissables.
Pas mal donc mais dispensable.