Résumé: Un jeune homme remet en question ses conditions
de vie en Afrique subsaharienne, son
éducation, son pays...
C'est sur ces notes que débute ce recueil graphique
de courtes histoires sensibles, entremêlant
déambulations et pensées intérieures présentées
sous forme de témoignages. Abordant les
questions de repères, de divisions, et de pouvoir,
jusqu'à tenter d'effleurer l'essence de cette terre
hors du temps, cette bande dessinée vient nous
rappeler comme l'on dit dans la tradition Mossi,
que « C'est la terre qui est finalement propriétaire de
l'homme ».
Un récit emprunt de lucidité et d'humanisme.
POINTS FORTS
- Docu fiction, Afrique, témoignages
- Dénonciation de l'exploitation et du
pillage des ressources locales, de la colonisation.
- Nouvelle
L
a bande dessinée ne peut être limitée à un art purement narratif. Elle se révèle également un excellent vecteur de sensations. Le dessin, par son rapport intime, quasi-viscéral, au monde, permet de capturer avec un grande acuité ce qui peut échapper aux mots. L'une des grandes qualités de Laurent Bonneau réside dans cette capacité à traduire ce que l'œil voit, au-delà des apparences. Il est capable de saisir ce qui constitue l'essence d'un instant : comment la lumière éclaire un geste, la chaleur d'une couleur chauffée par le soleil, la violence d'une silhouette industrielle qui déchire un paysage. La contemplation, bien plus que le mouvement, occupe une place centrale dans son œuvre.
Ces Nouvelles graphiques d'Afrique s'apparentent à une forme de work-in-progess. Elles ont déjà été rééditées et augmentées plusieurs fois depuis leur parution initiale, voici dix ans. L'auteur s'y livre à une déambulation dans une Afrique personnelle, qui n'est pas celle des cartes postales. Il met en scène une conversation banale entre deux femmes, qui parlent de séduction et de nourriture. Il assiste à un match de foot. Il se met dans la peau d'un photographe qui redécouvre les lieux de son enfance et prend conscience de ce qui le lie à ses racines. Si certains récits relèvent du pur vagabondage esthétique, d'autres servent de support à une réflexion critique sur les enjeux auxquels est confrontée cette région tels que la présence grandissante de la Chine, les enfants-soldats, la tentation de l'Europe... Si le propos est intéressant, il peine à susciter l'attention, à cause d'un ton emprunté, pas assez factuel ou trop peu impliqué. Il s'en dégage une froideur qui inspire surtout l'ennui. Si les images appellent souvent à s'y perdre, les textes peinent à susciter l'attention pour aboutir à une lecture plutôt frustrante.