Info édition : Avec, en début d'album, six planches réalisées par François Ayroles, auteur invité.
Résumé: Masse, l'un des plus audacieux auteurs de BD, ambitionne d'écrire son Encyclopédie sur les grands mystères du monde. A travers une série d'histoires courtes, il nous propose de son dessin riche une série d'illustrations de concepts aussi divers et variés que :
L'anthropocentrisme, la cosmologie, l'expressionnisme ou la métaphysique. Evidemment, l'auteur ne se contente pas ici de " définir " des concepts. Comme une matière qu'on manipule, qu'on travaille, il se les approprie pour apporter son regard drôle et décalé sur la société, la science, la pensée, l'art ou la philosophie. Son dessin expressif en noir et blanc, aux hachures et au tramage précis, rappelle les gravures d'antan et le travail de Gustave Doré. Son ton absurde et son humour, celui des Monty Python - dont il est précurseur !
Quelques mois après le premier volume, voici déjà le deuxième opus concluant la Nouvelle Encyclopédie de Masse : soit en tout plus de 600 pages d'inédits et de planches entièrement retravaillées. Ce second volume est préfacé par 6 planches de bande dessinée, réalisées par François Ayroles en l'hommage de Masse.
Savamment illustré, totalement absurde et avec une bonne dose de poésie, un indispensable pour tout savoir sur le monde de A à Z !
D
e Malacologie à Zoomorphisme, en passant par Octo-pantalonisme ou Priapisme maritime, Francis Masse égrène dans ce deuxième volume de sa Nouvelle encyclopédie de Masse, version actualisée de celle parue en 1982, de savantes et abstruses élucubrations autour de quelques concepts improbables.
Premier constat : intemporel, le propos de ces petites histoires à longueur variable, publiées au départ dans des magazines tels que Métal Hurlant, Hara Kiri ou Charlie Mensuel, reste puissamment original. Le ton est difficile à définir. Il y a bien sûr un côté parfaitement absurde, un décalage qui permet à l’auteur de voir la réalité sous l’angle du sarcasme, de la dérision, et de puiser dans sa désillusion une inspiration qui n’appartient qu’à lui. Si le rire est parfois au rendez-vous, il ne manque pas d’être jaune, trouvant ses ressorts dans la bassesse et l’inépuisable imbécillité du genre humain. Ailleurs, le sourire s’effacera devant un cynisme qui ne connaît pas de limite.
Second constat : la réalisation est parfaite, dictée par un professionnalisme jamais pris en défaut. Le dessin, au style varié mais à la patte immédiatement reconnaissable, est d’une précision incroyable : inventivité du trait, don inné pour la caricature, fourmillement de détails dans des décors époustouflants, mouvement on ne peut mieux restitué... et une constance qui ne se dément pas. Entrecoupées de quelques croquis satiriques et de photos de sculptures réalisées par l’artiste lui-même, les entrées de l’encyclopédie se succèdent sans forcément se ressembler, mais participent toutes à la création d’un ensemble cohérent, à la fois drôle et désespérant, virtuose et interloquant.
La conclusion s’impose d’elle-même : voilà une œuvre rare, d’une richesse incomparable, qui allie une certaine légèreté à une vision irrémédiablement noire et désabusée du monde. Quelque part entre triste lucidité et joyeuse échappatoire, Francis Masse trace son iconoclaste sillon. Avalée à petites doses, la soupe est plus exaltante que véritablement amère.