Ceux qui ont apprécié Le cadavre et le sofa ne devraient pas être déstabilisés. Juste que la recette a été poussée encore plus profondément dans les méandres torturés de l’esprit du sieur Sandoval. Plus onirique, plus en symboles. L’histoire de façade mettant en scène amour et haine dans l’univers musical du métal cache en réalité une figuration plus prompte à attirer du gothique. Il y a un décalage amusant, si l’on peut s’exprimer ainsi sur cet album plutôt noir, entre la futilité apparente du premier degré de lecture et le drame qui se joue en toile de fond. C'est bien ce point qui pourrait rebuter certains lecteurs.
Le dessin de Sandoval se démarque de la production classique, avec un je ne sais quoi de Templesmith dans cette mise sur planche de l’horrifique. La mise en couleur est à l’avenant, tout en nuances et variée, au service d’une atmosphère qui résonne comme un air à la frontière de l’opéra et de la tragédie et règne en maître dans l’air de Nocturno.