Résumé: Un pianiste classique revient en concert à Venise, le souvenir de sa jeune épouse décédée le submerge dans cette ville qui connut leur amour.
Tout a commencé sur une île. Un lieu magique pour un artiste. Avec sa compagne Giulia, notre pianiste vit une période faste. En quelques semaines, il compose ses plus beaux morceaux. Ceux qui vont lui apporter le succès, la célébrité.
Puis il y a le second coup de foudre : Venise. Il s'y installe, vivre son amour avec Giulia. Les jours heureux coulent doucement dans la sérénissime. Le mystère, la magie, la beauté de la ville nourrissent sa créativité. Un succès international se dessine pour le pianiste. Les tournées mondiales s'enchaînent... Et le mal de Giulia se réveille.
L'inspiration quitte l'artiste. Il la cherche, comme il cherche le fantôme de Giulia.
Quelle issue trouvera-t-il dans la labyrinthe de ses pensées ?
I
l y a eu cette rencontre, sur cette île et puis Venise. Son amour avait son écrin, sa musique sa raison d’être ; la vie avec Giulia s’écoulait, parfaite. Et puis, le mal qui la rongeait l’a emportée. Alberto est désormais seul, figé devant son piano devenu muet…
Édité en 2017 en Italie chez Tunué (Nottetempo), la dernière graphic novel de Luca Russo aura mis trois ans pour franchir les Alpes grâce aux éditions Mosquito toujours attentives à ce que la péninsule italienne produit de meilleur.
Sur des planches à l’huile aux tonalités et à la luminosité toutes digitales, Lucca Russo exprime, au travers d’un récitatif introspectif imposant sa propre temporalité, la lente déliquescence d’un homme qui perd le goût de vivre et de son Art. Renouant ainsi avec le spleen des Romantiques, l’auteur transalpin convie le lecteur à l’ultime composition d’un musicien qui s’éteint dans une nostalgique Sérénissime.
Pour peu d’y être sensible, Lucca Russo esthétise avec délicatesse et mesure les dernières notes d’un nocturne qui restera inachevé…
La preview
Les avis
Erik67
Le 16/08/2022 à 07:30:14
Cette BD est d'une tristesse infinie dont le thème est l'acceptation de la mort de son partenaire de couple. Il n'y a rien de pire que de séparer deux êtres qui s'aiment. La maladie peut tout emporter. Il est alors question d'acceptation.
Le mode sera uniquement narratif. Pas de dialogues. C'est comme un poème langoureux et méditatif. Ce long monologue pourra éventuellement avoir raison de notre patience de lecteur à moins de se laisser aller par cette évocation.
Il est question d'une introspection d'un pianiste en mal d'inspiration depuis qu'il a perdu sa moitié qui était également passionnée d'art.
Le cadre de ce roman graphique sera celui d'une ville magique comme Venise qui constitue un magnifique décor entre ses canaux, ses gens masqués et ses ponts. Cependant, en l’occurrence, cela résonne plutôt de tristesse suite à ce deuil.
A noter un dessin en aquarelle tout à fait splendide qui se fond dans cette ambiance nocturne de la lagune vénitienne. Les nuits de la sérénissime peuvent être assez mélancoliques.
Pour le reste, il faudra affronter la perte, la peur, le désespoir et la mort. Il n'est pas certain que cette œuvre puisse trouver son public. Il faudra s’accrocher pour ne pas partir à la dérive. En même temps, on sort des sentiers battus pour quelque chose de plus personnel, de plus intense également.
Une œuvre manifestement mélancolique et triste sur un sujet qui peut nous toucher également en plein cœur. Un album sans doute essentiel pour les amateurs de BD italienne.