L
a tension monte encore d’un cran dans l’archipel du Vukland. Le président Pürsson et son bras droit le sinistre Bakran ont décidé d’employer la manière forte pour imposer leurs vues à leurs compatriotes. La police a des consignes claires : l’ordre doit revenir par tous les moyens, autant à la capitale que sur l'île de Saarok, la terre ancestrale des Kiviks. De son côté, Run se remet d’une manière incroyable de la balle qui l’avait fauché, tandis que ses compagnons d’armes tentent de se regrouper et d’échapper aux rafles qui se multiplient aux quatre coins de la ville.
Action non-stop, quelques révélations et coups de théâtre, le second tome de No War ne déçoit pas et confirme toutes les qualités explosives entraperçues dans le premier volume (cf. la chronique de M. Moubariki). Les liens entre les personnages s’affinent et les enjeux se précisent. Ceux-ci remplacent un peu le côté mythologique du récit (à part les mystérieuses kafikadik, il n'y a guère de nouveaux éléments à se mettre sous la dent). À la place, Anthony Pastor propose un thriller dans les règles de l’art : fusillades, courses-poursuites et évasions s’enchaînent sur un rythme endiablé, à peine entrecoupées par une ou deux explications et autres ententes de circonstances entre les différents protagonistes. Si le contexte se retrouve un peu au deuxième plan, les acteurs en profitent pour prendre le centre de la scène. Dotés de profils psychologiques fouillés, ceux-ci apportent une réelle profondeur à l’histoire. Ils ne sont pas creux et ne se résument pas à n’être que des héros interchangeables. Il s’agit simplement de « vraies » personnes luttant pour ce qu’elles pensent être juste. Méfions-nous néanmoins des apparences.
Au niveau des illustrations, le résultat est également impressionnant. Plus fluide et posé, Pastor maîtrise désormais totalement sa création. Le cadre graphique (et scénaristique) ayant été établi précédemment, il met tout son talent dans la mise en page et l’animation. Il réalise là un sans faute. De plus, le trait lâché, mais précis, conserve une part de fragilité tout-à-fait en accord avec les drames et les interrogations qui se développent page après page. Dense, expressif et ultra-efficace, le découpage prend à la gorge et il est impossible de poser l’album avant l'inévitable et frustrant à suivre.
Happé par le flot, partageant les peurs de Run, Kas, Jo et les autres, le lecteur est pris au piège et maudit déjà le temps qu’il faudra attendre avant de connaître la conclusion de cette première saison digne des meilleures séries télé. Suite et fin à la rentrée de septembre.