E
n mal de tendresse, Maki décide de sortir avec un bisexuel avant de sombrer dans une affaire sordide. Secrètement amoureuse de la belle Fujino, Ikenaga ne comprend pas pourquoi celle-ci la rejette après une nuit saphique. Enrobée et peu appréciée de ses camarades, Koyama se console en excitant des hommes à travers le téléphone rose sans voir que l’amour est à portée de main. Taro ne croit pas en l’amour mais le retour de son amie d’enfance change bien des choses. En pleine canicule, Meiko est violée pendant quatre jours par son professeur dans sa salle de classe. Abusée par son beau-père, Nico puise son unique réconfort en imposant une relation incestueuse à son frère.
Nico says est un recueil de six nouvelles autour des tourments de jeunes filles qui ont grandi trop vite. Dans ce josei, Kahori Onozucca (Anneaux d’alliance) décrit le passage de l’adolescence à l’âge adulte à travers la sexualité et les attentes féminines. Sans doute entend-elle interpeller le lecteur en mettant en scène des histoires dans lesquelles le corps a une place prépondérante. C’est en effet à travers lui qu’existent les héroïnes qui l’utilisent pour tenter d’obtenir ce qu’elles recherchent ou pour appeler l’attention des autres. Sans concession, la mangaka évoque des expériences qui s’enlisent parfois dans le sordide. Cependant le traitement reste souvent superficiel, les situations ou des éléments sont sous-exploités. Par ailleurs, le lecteur peut être interloqué par la réaction de certaines des filles. En particulier par le plaisir évident que prend Meiko à chacune de ses relations forcées avec son professeur ou par la façon dont Nico « lave » son corps et son cœur de l’abus sexuel dont elle a été victime petite. Le luxe de détails dans les scènes sexuelles doit sans doute titiller celui, ou plutôt celle, qui lit, mais, tout comme le dessin au trait très fin de l’auteure, il est dénué de toute charge émotionnelle. En dehors d’une fragilité psychologique des personnages, nulle véritable émotion n’affleure qui pourrait toucher, et ce malgré le réalisme des situations.
Omniprésents dans Nico Says, corps, sexe et quête d'amour sont au centre d'un propos potentiellement intéressant mais qui reste trop creux et laisse une impression de vide après lecture.