Info édition : Un ex-libris en couleur est offert avec l'édition originale.
Résumé: Le comte Roger de Tainchebraye revenu défiguré de la campagne de France de 1814 doit cacher son visage derrière un masque de cuir. Serait-ce la fin du jeune homme de 22 ans qui était un « Dom Juan » dans sa Normandie natale ? Profondément marqué, cynique et meurtri, il multiplie les conquêtes. Une seule femme lui résiste, Judith de Rieusses. Roger en tombe follement amoureux mais refuse le mariage de peur qu'en faisant tomber le masque il dévoile sa déchéance et n'attire que la pitié de sa bien-aimée...
I
l fit preuve d'un grand courage en ce 13 mai 1814 à la bataille de Reims. Et aussi de beaucoup d'insouciance, en effet, une balle cosaque lui arracha un morceau de joue et un coup de sabre cosaque, le nez. Roger de Tainchebrave devrait remercier le ciel d'être toujours en vie, cependant, l'amertume et la rancœur emplissent son cœur. Dès sa première apparition publique lors de son retour dans son domaine, il obtint un surnom : Nez-de cuir. Curiosité, répulsion ou séduction, personne ne restera insensible à la personne devant le masque, surtout pas les femmes qu'il se met à collectionner comme autant de conquêtes personnelles, comme autant de défis au destin et faire la nique à la Mort. Jusqu'au jour où il rencontre Judith...
Jean Dufaux retrouve son collaborateur du Chien de Dieu, Jacques Terpant, pour une nouvelle adaptation littéraire, un roman de Jean de Varende datant de 1936.
En scénariste expérimenté, l'auteur de Giacomo C. et Murena a su retranscrire la qualité du texte dans une narration et des dialogues délicieusement désuets et joliment poétiques. L'accent est mis sur le héros et son aventure tourmentée et tragique - assez prévisible - mais tellement bien contée qu'elle tape dans le mille et passionne. Le Romantisme se retrouve incarné dans ce récit au travers d'un duo qui refuse l'évidence, chacun pour ses propres raisons. Le contexte géographique et le cadre temporel se révèlent également propices à l'intérêt de la lecture, grâce aux portraits sociaux et au terroir normand qui, s'ils ancrent l'histoire dans une époque précise, expriment néanmoins une intemporalité universelle.
Raffinement et élégance, ces deux mots résument le style du dessinateur de Sept cavaliers. La finesse du trait et l'expressivité des visages, malgré un soupçon de rigidité, expriment une sensualité qui sied particulièrement aux personnages féminins. Les décors bucoliques, les demeures cossues comme les forêts touffues, tout le décorum rustique s'offre à vos yeux.
Romance flamboyante maîtrisée de bout en bout et admirablement illustrée, Nez-de cuir réjouira les amateurs d'histoires d'amour contrariées ou tout simplement, les lecteurs qui apprécient la bande dessinée de qualité.