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ankin, 1937. Le Japon s'apprête à commettre l'un des massacres les plus odieux du 20ème siècle. Une guerre sale, si tant est qu'il puisse en exister d'un autre genre, qui a fait 300 000 victimes en quelques semaines. La famille de Xia Shuqin a été exterminée sous ses yeux dans d'horribles circonstances. Unique rescapée, elle livre, soixante-dix ans plus tard, son ultime combat.
Certaines voix au Japon continuent encore aujourd'hui de contester les faits qui se sont déroulés à la fin des années 30, d'autres essaient de les minimiser en justifiant une impérieuse nécessité. Zhen Tan est avocat chinois. Grâce au recueil de nombreux témoignages de personnes ayant connu la petite Shuqin à l'époque des événements, il espère convaincre le tribunal de rétablir une fois pour toute la vérité, et surtout de laver l'honneur d'une femme de 82 ans.
Si Nicolas Meylaender avait décidé d'écrire une bande dessinée choc, il a sans nul doute réussi son pari. À aucun moment, il n'épargne au lecteur les actes de barbarie perpétrés par l'armée japonaise. Exécutions sommaires, viols collectifs, avilissements, les scènes s'enchaînent et semblent donner dans la surenchère de violence jusqu'à en devenir presque insupportables. Les seuls instants de répit sont les rencontres de l'avocat avec les témoins. Des langues se délient, des souvenirs remontent à la surface et quelques sourires se dessinent. Quelques pages plus loin, c'est une nouvelle plongée dans l'horreur qui recommence.
Le choix des couleurs, un rouge vif pour les faits se déroulant en 1937 et un bleu pâle pour ceux d'aujourd'hui, accentue encore le contraste entre les deux périodes. Surtout, il rend l'odeur du sang presque présente tout au long de l'album. Les gros plans se succèdent, quelques pleines pages sont utilisées quand il s'agit de montrer des scènes choc, des centaines de corps calcinés ou deux enfants, main dans la main, marchant sous la neige au milieu des cadavres.
Si La balade de Yaya des faits similaires sous un angle beaucoup plus léger, Nankin ne s'embarrasse d'aucun artifice. La cruauté est montrée dans les moindres détails, quitte à choquer. Peut-être est-ce là le prix à payer pour éveiller les consciences. L'œuvre ne devrait en tout cas pas laisser indifférent.
Les avis
herve26
Le 17/05/2012 à 19:14:10
Cette bande dessinée retrace un épisode méconnu de la guerre sino-japonaise, celui du massacre de 300 000 personnes à Nankin, en 1937. Nous sommes bien loin de Tintin et "Le lotus bleu"
A travers trois témoignages, nous suivons les angoisses de ces civils et de ces soldats chinois, désemparés devant la cruauté de l'armée japonaise.
Mais ici, les scènes sont crues: tueries, assassinats, pillages, viols et autres horreurs, rien n'est épargné au lecteur.
En outre, les couleurs employées (rouge, noir) accentuent le côté sanglant de cet épisode. Le dessin de Zong Kai met parfaitement en relief cette boucherie.
Malgré ses 140 pages,(et un format à l'italienne) cette bande dessinée se lit assez vite.
Une oeuvre qui a le mérite de nous faire découvrir une histoire oubliée voire reniée par le peuple japonais, et qui permet comme il est écrit dans la postface de "transmettre la vérité"
A noter que le personnage principal autour duquel est construit cette enquête est bien réel, elle s'appelle Xia Shuquin; elle a aujourd'hui 82 ans.