D
ans une société qui vit sur les ruines osseuses de l’ancien monde, les crâneurs jouissent d’une aura particulière. Ceux-ci possèdent en effet des crânes spéciaux, reliques d’un temps révolu qui, tels de puissants artéfacts, leur confèrent des pouvoirs hors normes.
Derrière cette accroche pour le moins intrigante se cache un album atypique qui affiche son originalité graphique dès une couverture taillée pour marquer les esprits. Trait étrangement tortueux, noir et blanc omniprésent que viennent parfois perturber quelques couleurs jetées ça et là, mise en page perturbante… tout dans le dessin de Jérémie Labsolu tend à faire de Papinana un voyage halluciné dans un univers à l’esthétique macabre. D’un point de vue pictural, l’album relève donc de choix audacieux portés fièrement par l’auteur, pour un résultat qui vaut clairement le détour.
Le scénario, lui, reste néanmoins très confus. Les ambitions des différents protagonistes ne ressortent jamais clairement et il est difficile, même après lecture complète de ce premier tome, de retrouver dans ce fatras d’événements une quelconque trame narrative à laquelle se raccrocher. La lecture devient vite laborieuse. Face à un récit qui part dans toutes les directions et semble faire fi de toute logique, le lecteur éprouvera de grandes difficultés à maintenir un réel intérêt pour le sort et les motivations des héros.
C’est finalement sur une impression de décousu que se clôture l’album, et les raisons de poursuivre la découverte de cette série, dont l’approche semblait pourtant prometteuse, ne sont hélas pas légion. L’auteur porte en lui un univers et un talent qui ne demandent qu’à être développés, mais, en l’état, son œuvre ne paraît pas suffisamment aboutie.