L
e cœur habité par le souvenir de son ex-petite amie, Masamune Kazama mène une vie tranquille et assez solitaire, jusqu’au jour où il reçoit enfin des nouvelles de Yôko. Malheureusement, c’est pour apprendre que son grand amour est décédé dans un accident et se découvrir une petite fille de cinq ans. Alors que Masamune hésite à rencontrer Koharu, celle-ci se présente à son travail. La surprise passée, le contact s’établit facilement entre l'enfant et son père, qui accepte d’en avoir la garde. Au fil des jours, ils s’apprivoisent à travers les souvenirs qu’ils conservent de Yokô.
L’apprentissage de la paternité par un homme qui recueille une fillette fraîchement orpheline, le postulat rappelle, certes dans des circonstances différentes, celui de la série populaire Un drôle de père . Ici, la tension dramatique liée au décès prématurée de Yokô est constamment présente et confère un caractère empreint d’une douce nostalgie au récit. Fluide, la narration ne verse jamais dans le mélodrame, l’auteure préférant distiller, avec pudeur, des touches plus tristes qui, avares en paroles inutiles, en disent cependant long sur le chagrin des deux personnages principaux. Mais, même ces instants, souvent accompagnés de flash-backs, s’avèrent n’être que des (longues) parenthèses dans la description du quotidien que construisent ensemble Masamune et Koharu. Articulé en chapitres correspondants à différentes journées clés, le premier tome décrit donc cette existence à deux qui se développe autour de la cellule familiale remaniée, de l'implication des grands-parents - d'abord réticents - et d'intervenants extérieurs - camarades de classes, instituteurs, collègues de travail. Pour accompagner ce récit doux-amer, le trait, un rien stéréotypé, de Mizu Sahara se révèle fin et plutôt délicat. Doté d’un découpage classique, son dessin souligne les expressions, les regards où se lisent encore l’affliction d’une perte irrémédiable.
Mélancolique, My girl constitue un titre assez plaisant, auquel il manque néanmoins le zeste d'intensité ou de piment qui en ferait plus qu'un récit gentiment charmant.