Résumé: V., l'homme au coeur gravé sur sa tunique et au chapeau, erre toujours. Chaque endroit qu'il traverse lui donne l'occasion de rencontrer des personnages différents, chacun à la recherche du bonheur, de l'amour ou tout simplement de lui-même. Il est ici préoccupé par la mort d'un être cher. Seul le temps pourra apaiser ses souffrances... C'est d'ailleurs la perte de son père qui a inspiré l'artiste dans l'écriture de ces petites histoires intimistes, dans un style graphique éblouissant, qui vous fera forcément penser à l'univers de Tim Burton.
V
., le bonhomme au chapeau, poursuit sa route, rencontrant dans chaque ville des hommes et des femmes qui, comme lui, ont été séparés d’un être cher. Les amants des planètes jumelles, la jeune fille préparant des sucreries en mémoire de son bien-aimé, les artistes de cirque qui cachent leur souffrance sous les rires, tous ont connu l’amour et l’ont perdu, tous ont été blessés par la vie et continuent d’avancer.
Si V. paraissait bien mystérieux dans le premier tome de My Way, simple spectateur et confident de romances contrariées et d’incompréhensions qui auraient pu être évitées, ce deuxième volume dévoile sa tragédie, l’origine de son errance et le but de sa quête : rencontrer des êtres encore plus malheureux que lui. Le cœur rouge cousu sur sa blouse prend toute sa signification et les huit récits de l’album sont tournés vers la mort, la douleur de la séparation, la fin qui survient trop vite et le temps qui s’égrène impitoyablement. Le ton est triste, nostalgique et les commentaires qui accompagnent chaque histoire sont éloquents. Le côté autobiographique ressort fortement et l’ensemble possède une cohérence plus perceptible que dans le volet précédent, les intrigues étant aussi plus abouties.
La sensibilité qui se dégage du texte se retrouve également dans le dessin au trait fluide de Ji Di. Le choix des couleurs associées à chaque chapitre crée des ambiances singulières et révélatrices, à la fois poétiques et empreintes d’onirisme. Les décors sont davantage présents et précis, conférant un caractère plus proche aux histoires. Quant aux personnages aux silhouettes ondulantes et délicates, ils voient leurs sentiments pulser et leur âme se dénuder dans les yeux sans fonds qui seuls apparaissent dans l’ovale pâle de leur visage.
Invités à l’introspection, on lit ce deuxième tome de Wy Way en se laissant doucement porter par le graphisme et les paroles de Ji Di. Loin d’être pessimiste et négatif, l’album souligne la beauté de l’existence au-delà de la mélancolie et de la tristesse liées au cycle de la vie dont la mort fait partie.