Info édition : Mention "PREMIÈRE ÉDITION" en dernière page. Glossaire de 2 pages en fin d'album.
Résumé: Enfin ! Enfin, Lucius Murena est rentré au palais. Sa mémoire est toujours vacillante, mais les drogues que Lemuria lui imposait se dissipent peu à peu, tout comme les doutes de Néron quant à l'implication de son ami dans le complot mené contre lui. Le secret qui entoure l'identité de l'Hydre, cette guerrière redoutable, désarçonne cependant l'empereur, en proie à des délires de plus en plus fréquents qui le poussent lentement jusqu'aux portes de la folie. L'ombre de la conspiration, qui ne cesse de s'étendre sur Rome, contribue également à faire vaciller la raison de Néron : tandis que l'étau se resserre, celui-ci offre à Tigellin, son ambitieux sbire, les pleins pouvoirs.
Coincé entre une femme possessive et un empereur susceptible de douter à nouveau de sa sincérité, Murena prendra-t-il les bonnes décisions ?
Un douzième tome troublant, dans lequel l'action et la délation sont reines, sublimées par un trait vif et précis.
V
oilà bien longtemps que personne n’avait vu Lucius Murena dans les rues de Rome. Emmené à Baiae, pris dans les filets de Lemuria, l’essentiel de ses souvenirs lui faisaient défaut, perdus dans les vapeurs des drogues qui lui étaient administrées. Tout cela est du passé pour le jeune homme, de retour au palais et aux côtés de César. Mais ce retour en grâce n’est pas du goût de tout le monde et déplaît particulièrement à Tigelin, homme ambitieux et sans scrupule qui jouit de toujours plus de pouvoir. Devenu une véritable éminence grise de l’empire, il voit également d’un mauvais œil l’arrivée d’une femme intrigante, surnommée « l’Hydre », qui semble exercer un effet particulier sur Néron. Ce dernier, quant à lui, est chaque jour davantage pris par la peur et par l’obsession des complots dirigés contre lui…
Il y a vingt-sept ans, débutait la grande série Murena. Bien des évènements se sont passés depuis : de l’arrivée au pouvoir de Néron à l’incendie de Rome de 64, en passant par l’assassinat de l’impératrice Agrippine. Avec ce douzième tome s’achève le troisième cycle, dit des complots, avec en point d’orgue le suicide forcé de Sénèque, ancien précepteur de l’empereur (il ne s’agit point là de divulgâcher quoi que ce soit, c’est dans le titre : Mort d’un sage). Un constat s’impose : la recette fonctionne toujours à merveille ! L’œuvre n’est évidemment pas un travail d’historien et Jean Dufaux se garde bien de revendiquer un tel statut. Elle est toutefois assise sur des fondements historiques tellement maitrisés et documentés que chacun des évènements, aussi fictif soit-il, semble plausible sinon véridique. Le résultat ? Un péplum toujours passionnant, truffé de rebondissements et profondément axé sur l’humain.
Dans ce nouvel opus, le scénariste poursuit la relation ambiguë d’amis-ennemis entre les deux protagonistes principaux. Il met surtout en scène Néron hanté par ses démons et qui sombre peu à peu dans la folie. Loin du cliché du fou impitoyable et tyran (étiquette qui lui est, un peu hâtivement, parfois collée), César est montré pétri par ses fragilités et par les influences, souvent malintentionnées, qu’il subit. Ce dernier volet est, encore une fois, construit avec minutie et propose de nombreuses péripéties. Il met également en scène une forme de jusqu’au-boutisme effroyable et souligne à quel point la nature humaine peut être cynique et animée par la seule soif de défendre ses intérêts personnels. C’est, au fond, la grande thématique abordée par l’auteur depuis plus d’un quart de siècle : le pouvoir et ses excès.
Poursuivre Murena après la disparition de Philippe Delaby n’était pas chose aisée, tant le dessinateur avait posé son empreinte sur les personnages et marqué de tout son talent les neuf premiers volumes. S’y atteler constituait donc un réel défi. Théo l’a relevé et livre, ici, ce qui est probablement sa partition la plus aboutie sur la série. L’artiste a définitivement mis de côté les mises en page ou découpages plus ou moins originaux mais qui ne s’avéraient pas vraiment indispensables, particulièrement utilisés dans Le banquet. Il a aussi pris soin de gommer une tendance à un excès de fioritures. Captant l’essence même de ce qui a forgé le succès de la saga, il a su mettre son trait réaliste au service de l’efficacité narrative. Tenant plus solidement, et avec plus de constance, les traits de chacun des personnages, il parvient à multiplier les émotions et à immerger le lecteur, bien aidé par les couleurs subtiles de Lorenzo Pieri.
La Rome sous Néron, ses ruelles sombres, ses jeux de pouvoir, ses complots et ses liaisons amoureuses, ont encore bien des secrets à révéler sous la plume de Jean Dufaux. De quoi ravir les bédéphiles, à l’aube du quatrième et dernier cycle.
Les avis
kingtoof
Le 21/04/2024 à 10:32:57
De nouveau une excellente intrigue autour d'une tentative de coup d'état contre l'empereur Néron.
Putsch avorté qui va permettre aux profiteurs (au premier chef Tigelin) d'éliminer tous leurs rivaux : notamment Sénèque et notre cher Murena...
BudGuy
Le 14/03/2024 à 09:25:53
Après un opus n°11 que j'avais trouvé un chouia en-dessous de la moyenne de cette série, ce nouvel album vient clôturer un nouvel arc autour du sulfureux empereur Néron avec en point d'orgue la mort de Sénèque, son ancien pédagogue.
Murena tente de ménager la chèvre et le chou vis à vis de l'empereur et des amis qui mènent une conspiration contre ce dernier. Le scénario ménage de beaux rebondissements et de la tension à différents instants, pour un album qui conclut en beauté ce qui aura été construit depuis le tome 10.
Theo a appris de ses erreurs et nous propose une couverture bien plus intéressante et plus belle que la précédente. Son dessin est de toute beauté et rend honneur au regretté Delaby.
Erik67
Le 08/03/2024 à 07:41:40
Voilà que s'achève le 3ème cycle de la série historique en matière de BD consacré à l'empereur Néron. Cette série a été porté par le scénariste Jean Dufaux et le regretté dessinateur Philippe Delaby avant son remplacement par Théo Caneshi au 10ème tome.
Jamais le niveau du souci historique n'avait été aussi haut en combinant l'utile à l’agréable. Murena est pour moi une série culte, un véritable monument de la BD historique. Il fallait encore réussir la sortie ce qui est chose faite de manière assez magistrale comme d'habitude.
Jean Dufaux ne déçoit toujours pas même s'il est un auteur un peu prolixe qui a tendance à délayer son scénario assez minutieusement. L'action demeure passionnante et c'est étroitement lié à des événements historiques. Ce cycle demeure celui des complots et des têtes vont automatiquement tombées. Poutine a eu la tête du regretté Navalny. Néron aura celle du sage Sénèque.
Le philosophe romain Sénèque, accusé d’avoir participé à une conjuration contre l’empereur Néron, a reçu l’ordre de se suicider. Sénèque accepte la sentence et sa femme choisit de mourir avec lui. Les époux s’ouvrent les veines, mais la mort tarde à venir. Un centurion dépêché par Néron veille à l’exécution de la sentence tout comme les geôliers de l'infâme dictateur Poutine dans une prison du cercle arctique.
Je m’interroge tout de même sur cette volonté de ceux qui ont déjà tout le pouvoir de pourrir la vie d'honnête gens certes opposants mais pas dangereux. A noter que la version officielle de la mort de Sénèque ne sera pas respectée par l'auteur qui a décidé une fin qu'il juge plus romanesque. A vous de découvrir...
Par ailleurs, j'ai apprécié le dessin de Théo Caneshi qui est très beau esthétiquement dans la même veine que Philippe Delaby ce qui est plutôt flatteur. On voit qu'il a apporté un grand soin pour ses décors et ses personnages magnifiques au service de l'histoire. Un mot sur la couleur pour dire qu'elle est utilisée à bon escient. Le résultat est une réussite totale.
A noter qu'on a toujours droit en fin d'album à un complément d'information afin de mieux comprendre le contexte. Oui, on ne peut que conseiller l’acquisition de cette belle série qui demeurera toujours un indispensable dans le monde de la BD. Cependant, il convient d'être particulièrement patient entre chaque parution ce qui fait dire au scénariste dans la préface qu'il espère pouvoir avoir encore du temps pour terminer ce dernier cycle à venir. On va être optimiste et attendre sagement à la Sénèque.