D
ans cette seconde partie, Sylvain Ricard poursuit son illustration par l'exemple du programme des Black Panthers à travers le parcours de certains de ses membres et en particulier celui de Vermont Washington. Entré dans le cycle infernal du jusqu’au-boutisme, celui-ci va se heurter à la répression implacable des autorités, qu'elle soit exercée à son encontre ou à celui de son entourage .
S’appuyant sur le lavis noir et blanc très réussi de Guillaume Martinez, la narration adopte la trame du reportage. Elle en a la force, la percussion, l’impact émotionnel. Le lecteur assiste aux injustices, brutalités, procès truqués et autres vexations quotidiennes. Il voit également Annette basculer dans le désespoir, perdue et progressivement isolée au sein même de sa communauté. Pourtant, malgré l’horreur des propos, le spectateur reste toujours un peu en retrait de l'action. Est-ce dû au parti-pris adopté par un scénario très didactique ou, au contraire, à la distance que chacun peut souhaiter installer face à des actes particulièrement choquants et se déroulant à une époque assez proche ? Un peu des deux sans doute.
Ce livre constitue un témoignage plutôt pertinent sur un épisode de l'histoire d’une nation qui n’en a pas fini avec ses vieux démons. Ce type d'évènement et d'acte est inscrit dans la mémoire de tout un chacun, mais l’actualité offre régulièrement des faits prouvant qu’il convient de multiplier les piqûres de rappels afin d’éviter d’avoir à employer trop souvent le présent pour parler de ce type d'abjections. Cet album peut y contribuer.