Info édition : Le dépot légal indiqué est: 1er semestre 2017
Résumé: « De l'été de mes douze ans, je garde les images les plus saisissantes et les plus tenaces de toute mon enfance, que le temps passant n'a pu chasser ni même estomper.» Ainsi s'ouvre le récit du jeune David Hayden. Cet été 1948, une jeune femme sioux porte de lourdes accusations à l'encontre de l'oncle du garçon, charismatique héros de la Seconde Guerre mondiale et médecin respecté. Déchiré, le père de David, shérif de cette petite ville du Montana, doit alors affronter son frère aîné. David assistera, impuissant, au conflit entre les deux frères et découvrira la difficulté d'avoir à choisir entre la loyauté à sa famille et la justice. Montana 1948 raconte la perte des illusions de l'enfance et la découverte du monde adulte.
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esley est shérif à Bentrock, un petit village du Montana. Un poste qu'il a obtenu grâce à l'influence de son père. Son épouse aurait voulu qu’il soit avocat ; David, son fils âgé d’une douzaine d’années, juge qu’il ne fait pas le poids face à Superman. La vie de son grand frère, Frank, est fort différente : champion de baseball, héros de guerre et médecin respecté. Mais voilà que ce dernier est accusé d'attouchements et de viols ; en fait, c'est un secret de Polichinelle. Mais, en 1948, dans le Midwest américain, qui se soucie de l’agression d'une ou quelques Amérindiennes ? L'homme de loi désire tout de même faire son travail et traîner le délinquant devant le tribunal. Pour y parvenir, il doit affronter son père et une partie de la collectivité. Sa droiture lui permet en outre de gagner le respect de son garçon.
Le scénario de Larry Watson se lit d'une traite. En un peu plus d'une centaine de pages, il propose une réflexion sur la famille, la justice, le devoir et le racisme. À moins que son objet soit tout simplement la petitesse des gens. Car, dans ce récit, pratiquement tout le monde souhaite oublier ce fait divers et que la bourgade retrouve sa quiétude. Après tout, pourquoi diviser une communauté et chercher querelle au bon docteur. S'il aime la « viande rouge », ça le regarde. Et cette mésaventure lui servira d'avertissement, il ne devrait plus recommencer.
Le dessin du belge Nicolas Pitz est simple et sobre. Les figures, la plupart du temps esquissées, sont dominées par des yeux aux pupilles démesurées, souvent mis en évidence par le cadrage serré des visages. Les décors oscillent entre l’hyperréalisme (surtout pour représenter la flore et la faune) et le style naïf. Alors que le récit est dramatique, l’artiste a choisi une palette de couleurs relativement claires qui étonne quelque peu, mais qui introduit l'espoir. Ceci étant, le ciel est généralement peint en rouge.
Une histoire toute simple sur les abus, ceux qui sont tus en croyant innocemment préserver la paix.
Les avis
Erik67
Le 05/09/2020 à 20:14:06
Montana 1948 est une triste histoire familiale qui voit une famille se décomposer dans une bourgade américaine assez reculée où les mentalités peinent à évoluer. Le Montana est riche d’une histoire avec les indiens. Ces derniers n’ont pas été bien traités. Cela continue avec un médecin qui est le frère du shérif local, un boiteux qui aura du mal à prendre les bonnes décisions qui s’imposent. En effet, justice doit être faite.
On suit ce récit par les yeux d’un gamin de 12 ans ce qui accentue un peu plus le malaise. Le père a essayé de le protéger contre les événements qui vont s’enchaîner. A un moment donné, il sera dépassé. Les liens du sang peuvent-ils tenir face au crime le plus ignoble ? La loyauté ou la justice ? Telle est la délicate question qui se pose dans ce western moderne.
L’imagerie fait assez ancienne mais cela passe. Il faut dire que la colorisation ocre concourt à une certaine ambiance assez pesante. On arrive à sentir le vent frais du Montana avec ses larges vallées dominées par le sommet des Rocheuses.
Bref, un roman noir issu d'une adaptation plutôt bien construit.