Résumé: Un récit aux accents terriblement Hitchcockiens !
Monsieur Levine est un ancien officier de l’armée de terre. Aujourd’hui en pré-retraite, il est atteint d’un cancer incurable et n’a plus que quelques semaines à vivre. Hanté par son passé de soldat d’élite, période durant laquelle il a commis une énorme « bavure », il a de fréquentes hallucinations qui prennent la forme d’un loup blanc géant. Tel Faust, il est « visité » par ce loup venu lui demander des comptes… Son psychiatre, chef de clinique ambitieux, une ancienne maîtresse obèse, le souvenir d’un été radieux, le raccrochent encore un peu à la vie.
Mais, qui est vraiment Monsieur Lévine ? Et Monsieur Lévine est-il vraiment Monsieur Lévine ? À qui appartient cette étrange petite boîte siglée « Zelig » ?
Dans ce roman graphique – découpé en trois parties – les auteurs prennent plaisir à nous perdre pour mieux nous rattraper…
L
e labyrinthe joliment dessiné en couverture illustre assez bien cette histoire où, en fin de compte, chacun cherche son chemin… et son identité. Et le loup blanc, placé au centre, est en effet au cœur de l’interrogation du personnage principal, qui donne son nom au livre.
Mais gare aux faux-semblants. L’homme est-il celui qu’il croit être ? Telle est la question qui trouvera réponse au moment de tourner la dernière page. Entre-temps, le lecteur est convié à une quête personnelle, faite de théories psychologiques et de réminiscences d’un passé violent au sein de l’armée. Les auteurs, par un rythme lent et un dessin élégant mais statique, qui n’est pas sans rappeler celui de Koren Shadmi par la tension qu’il parvient à installer, arrivent à rendre l'issue incertaine et le parcours intrigant. Pourtant, à mesure que l’histoire progresse, cette tendance à créer des ambiances figées peut provoquer l’impatience. Et si le mystère est maintenu, c’est par instants au détriment d’une vraie fluidité dans la narration. Le cheminement en devient vite saccadé, ce qui fait perdre de leur force aux révélations finales.
Si l’album vaut le détour, c’est davantage pour une construction réussie et un dessin séduisant que pour la passion qu’il inspire. Avec, au final, l’impression que les auteurs ne sont pas allés assez loin, se contentant d’une bizarrerie de surface.